Coronavirus. Un temps pour lire : Villa chagrin / Joelle Losfeld éditions
Gail Godwin a été trois fois finaliste du National Book Award et primé par l'Académie des arts et des lettres. Gail Godwin a ciselé son écriture avec soin pour trouver le mot juste et produire la sensation la plus subtile. La lecture de « Villa chagrin » offre une joie renouvelée, servie par la finesse de la traduction. Marcus a onze ans quand sa mère meurt dans un accident de voiture. Il est recueilli chez sa grand-tante Charlotte qui vit sur une petite île de Caroline du Sud. C'est une originale, directe, laconique, mince comme un fil. Après une vie cahotique, trois mariages et toutes sortes de petits boulots, elle se consacre désormais à sa passion : la peinture. Dans sa maison en bord de mer, il vont apprendre à s'apprivoiser. Marcus est un garçon très attachant qui pense beaucoup aux autres. Il respecte sans peine les règles de Tante Charlotte qui entend bien préserver sa tranquillité. C'est l'été, les vacances. Marcus marche beaucoup. Une maison le fascine au nord de l'île. Elle est surnommée La Villa chagrin, car la famille qui l'habitait a disparu lors d'une tempête cinquante ans plus tôt. Aucun corps n'a jamais été retrouvé. Marcus s'y rend chaque jour malgré les barbelés d'interdiction. La première fois, le fils de la famille lui est apparu dans un reflet du soleil. Dès lors, la quête pour revoir ce « fantôme » va conditionner sa vie. Le passage entre la réalité et le surnaturel contribuera à la construction de Marcus. A l'occasion de son enquête sur le garçon disparu, il tisse des liens puissants avec de belles personnes parfois étranges tout en surveillant l'éclosion prochaine des œufs des tortues caouannes, espèce protégée. Le deuil de sa mère va peu à peu évoluer : « Je n'arrive pas à réaliser que ma mère est morte. C'est difficile à expliquer, mais il me semble souvent qu'elle est plus vivante que jamais. Je pense à elle bien plus qu'avant, et je découvre sans cesse de nouveaux aspects de sa personnalité. ». Et Tante Charlotte, qui évolue, elle aussi confirme : « L'absent peut prendre une place plus grande dans ton cœur et être lui-même. » Absolument conseillé. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Hélène Dumas. Broché. Format : 15 x 20 cm. 336 p. 22€. Paule Martigny