Crédit illimité / Au Diable Vauvert
La citation en exergue du roman met immédiatement le lecteur en condition. Elle est d’Alfred Hitchcock : "Tuer quelqu’un est difficile, douloureux, mais surtout long, très, très long". Entre polar et comédie de mœurs, Nicolas Rey exerce un regard satirique, dans une écriture incisive réjouissante. Il met en scène un anti-héros, Diego Lambert, mâle hétérosexuel de près de cinquante ans, éternel panier percé l : "Ma profession ? Interdit bancaire…". C’est lui le narrateur. Un matin, après avoir avalé un Xanax pour se donner du courage, il se rend au siège de l’entreprise multinationale de son père. "J’ai besoin de cinquante mile euros". Sa demande est acceptée à condition de remplir une mission, remplacer la DRH en arrêt maladie. Le deal, effectuer le plan social lié à la restructuration de l’entreprise. En gros dégraisser au maximum, assumer le rôle "de la pire des putes : celui du liquidateur". Une fois la mission accomplie il touchera son enveloppe. Diego va s’y employer avec zèle, mais pas dans le sens souhaité par le "patron". Ce livre succulent est merveilleusement rythmé. Tuer le père, voici une farce œdipienne, parfaitement immorale, mais pour la bonne cause. Nicolas Rey a publié dix romans au Diable vauvert : Treize minutes, Mémoire courte (Prix de Flore 2000), Un début prometteur, Courir à trente ans, Un léger passage à vide, L'amour est déclaré, Les enfants qui mentent n'iront pas au paradis, Dos au mur (Prix Gatsby 2018), Lettres à Joséphine et La Marge d'erreur mais aussi ses chroniques, La Beauté du geste, et avec Emma Lucchini le scénario La Femme de Rio, César du court-métrage 2015. Longtemps chroniqueur sur France Inter, il a créé en 2015 avec Mathieu Saïkaly le duo les Garçons Manqués qui s'est produit dans toute la France. Broché. Format : 20 x 13 cm. 224 p. 18€. Paule Martigny