Fille à soldats / Actes Sud
François Smith né en 1964, est connu pour ses nouvelles et ses traductions. « Fille à soldats », son premier roman, est inspiré d’un fait réel. 1901, Afrique du Sud, en pleine guerre des Boers. Les Boers sont les descendants des premiers colons d’origine néerlandaise, allemande et française arrivés en Afrique du Sud au XVIIe et XVIIIe siècle. Boer veut dire fermier en néerlandais. Au XXe siècle c’est le terme Afrikaner qui désignera l’ensemble de la communauté blanche. Les britanniques sont particulièrement cruels envers les civils, Susan Nell, âgée de 17 ans, est enfermée dans un camp où sa mère et son petit frère meurent. Ses parents étaient métayers, son père qui dressait des chevaux est mort dès le début de la guerre. Elle est violée par des officiers britanniques et laissée pour morte. Le médecin signe son avis de décès. Son corps tombe de la charrette qui emporte les cadavres à la morgue. Elle est brisée mais elle n’est pas morte. Un couple Basotho (peuple bantou qui a ses mythes et légendes) l’emporte dans une grotte des premiers hommes et grâce à leur médecine la soignent, patiemment, avec douceur. Après un long temps, couchée en proie aux fièvres causées par ses plaies, elle guérit. Susan sent qu’il lui est arrivé une chose terrible mais ne se souvent de rien. Cette amnésie va complexifier sa personnalité. Elle parvient à gagner le Cap sous une autre identité, puisqu’elle est officiellement morte, et rejoint les Pays-Bas où elle suit des études de médecine. Des années plus tard, devenue infirmière psychiatrique, elle est envoyée en Angleterre pendant la première Guerre Mondiale. Un jour, dans l’hôpital où elle travaille, seize ans après le drame, elle reconnaît un de ses bourreaux parmi les névrosés des tranchées. Ce livre aussi poétique qu’historique aborde avec singularité le traumatisme qui traverse encore aujourd’hui la communauté afrikaner. Parmi le grand nombre de publications parues en Afrique du Sud sur cette période historique, « Fille à soldats » est considéré comme le plus subtil, tant il conjugue les nuances du réel et de la fiction pour aborder un sujet encore tabou aujourd’hui dans la communauté Boer. Traduit de l’akrikaans (langue germanique issue du néerlandais parlée en Afrique du Sud et en Namibie) par Naomi Morgan. Collection Lettres sud-africaines. Lecture fortement recommandée. Broché. Format 11,5 x 21,7 cm. 304 p. 22,50€. Paule Martigny. Mémoire des Arts