L’âge de la guerre / Albin Michel
Patrick Raynal est né en 1946 à Paris. Il est écrivain, auteur de plus de trente romans, éditeur, scénariste, traducteur et journaliste. Il est considéré comme un spécialiste de la littérature américaine, dont quatre écrivains composent son panthéon : Jim Harrison, James Crumley, Tony Hillerman et Richard Ford. Ce matin-là Philippe Clerc, septuagénaire niçois, après une soirée arrosée dont il ne se souvient pas, se retrouve dans lit inconnu, auprès d’une belle femme. Ils sont nus tous les deux, sauf que, la brune est carrément morte. On lui passe les menottes. En garde à vue il entend un nom : Masséna. Le nom de son vieux pote de l'université, son frère d'armes, devenu chef d'une des mafias locales, et six pieds sous terre depuis deux ans. Il comprend qu’il a été piégé. Une sale affaire dont on va lui faire porter le chapeau. Sera-t-il le dindon de la farce ? Ou sortira-t-il de sa vie pépère pour s’extirper de ce cloaque ? Physiquement il n’est plus au top, mais en ce qui concerne les mots, « le vieux » n’a rien perdu de sa verdeur. Son sens de l’humour est dévastateur, c’est un régal pour le lecteur. Nous sommes à Nice à l'approche des élections. Mafieux et politiques se confondent dans la guerre sans merci qui oppose les prétendants à la mairie. Mais pourquoi, l'entraîner, lui, Philippe Clerc, dans cette histoire ? Pris dans les rouages d'une machination infernale, au risque de se renier, il enquête pour sauver sa peau, mais à qui peut-il faire confiance ? A 75 ans il est fauché, mais comme au temps de sa splendeur il adore aller au bar du Negresco, le dernier endroit où il était avec la belle inconnue. Dans ce polar social au rythme trépidant, truffé d'un cynisme savoureux, Patrick Raynal décortique la ville de Nice et ses milieux affairistes. Nous avons été emballé par ce roman. La fourmilière maçonnique niçoise en prend un sacré coup. Philippe Clerc l’a quittée, marre des fils de la Veuve, « marre de donner du « frère » à une bonne moitié des crapules du département. » Mao dans sa jeunesse, avec ses grands potes Brandy le trotskyste devenu flic (logique), et Masséna l’anar devenu truand, son meilleur ami tué en pleine rue par un sicaire. Trente ans après « Fenêtre sur femmes » auquel « L'Âge de la guerre » emprunte les personnages, la plume de Patrick Raynal n'a rien perdu de sa verdeur et de sa poésie. « Et maintenant, voici l’heure, dit-il, de nous en aller, moi pour mourir, vous pour vivre. Qui de nous a le meilleur partage, nul ne le sait, excepté le dieu » Socrate. Broché. Format : 14 x 20 cm. 272 p. 18,90€. Paule Martigny