L'homme qui ressemblait au Christ / Albin Michel
Alister Durward vient d’Italie à Saint-Jean-d’Acre pour rencontrer l’Épervier. Envoyé par l’évêque de Lucques, il doit remplir une mission secrète pour une négociation. Un an auparavant il avait aidé les Templiers. Il s’avère que c’est un piège, l’Epervier est un homme redoutable. Ce géant borgne à la longue chevelure noire le retient captif. Plusieurs semaines après ce rapt, Alister est toujours enfermé dans un cachot. Pourquoi est-il séquestré ? Une rançon ? Apparemment pas. L’Épervier évoque un chirurgien. Mais pour quoi faire ? Alister se retrouve dans une salle de torture, victime de sa ressemblance avec le Christ. La suite, on la devine, consiste à fabriquer un faux afin de le mettre sur le marché des reliques qui est un commerce extrêmement juteux. Si le travail des supplices de la Passion et l’empreinte saisie sont bien faits, le voile de lin vaudra une fortune. Le père d’Alister Alan Durward, un ancien croisé dépêche une équipe à sa recherche. Sa fille en fait partie. Sibylle, Ulysse Cameron de Bath et son impressionnant et fidèle écuyer arménien Kostandin quittent l’Écosse pour la Palestine. En 1291, ils découvrent la Terre Sainte en proie au chaos. Dans cette folle course-poursuite, ils vont vivre des aventures insensées. Roland Portiche après le succès de sa trilogie "Ernetti", domine une nouvelle fois le genre de l’épopée, ne ménageant pas les rebondissements et enrichissant sa fiction de références historiques bien documentées sur le trafic des reliques, le siège et la chute de Saint-Jean d’Acre dernier lieu de la chrétienté en Terre Sainte, l’Ordre des Templiers, avec en 1310, le grand maître Jacques de Molay sur le bûcher prononçant sa malédiction, etc. Un roman épique passionnant à lire, sa qualité porte à réflexion au-delà du récit d’aventures : le mal endémique de la calomnie qui nous renvoie aux fake news de notre siècle et l’adoration des idoles, en l’occurrence des reliques, fussent-elles fausses ? Les hommes préfèrent-ils la légende à la vérité comme il est dit dans le film L’homme qui tua Liberty Valance : « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publié la légende ! » ? Oui, sans doute dans un désir d’espérance. Broché. Format : 22,5 x 15,5 cm. 368 p. 21,90€. Paule Martigny