La Bibliothèque littéraire du jeune européen / Editions du Rocher
Alain de Benoist, essayiste et philosophe, auteur d’une centaine de livres, et Guillaume Travers, économiste, collaborateur à la revue "Eléments" proposent un héritage d’une grande richesse. Cet ouvrage composé par 66 contributeurs a pour but de présenter la base d’une bibliothèque avec 400 ouvrages. Le principe retenu est un auteur, un livre. C’est un point de départ, une proposition de directions à développer. "L’imaginaire mental des Européens est colonisé par des productions issues d’autres régions du monde : films et séries hollywoodiens et mangas japonais, qui représentent respectivement la majorité des entrées au cinéma et des achats de bandes dessinées par les plus jeunes. Un adolescent moyen connaît davantage de marques commerciales que d’œuvres littéraires, de slogans publicitaires que de vers classiques. Inutile de multiplier les exemples." Un constat hélas irréfutable. Quelles œuvres littéraires et quels auteurs est-il conseillé de lire en priorité ? D’après quels critères ? Le choix porte sur des auteurs décédés, des auteurs européens, ou ayant eu un lien fort avec l’Europe, par exemple Yukio Mishima. Cette bibliothèque comporte de nombreux genres, des mythes fondateurs (Les Perses d’Eschyle, Homère L’Odyssée, Ovide, les Métamorphoses, Satyricon de Pétrone, Antigone de Sophocle), de la poésie (Chénier, Dickinson, Lamartine), des récits de science-fiction (Huxley Le Meilleur des mondes), des surprises comme Marguerite de Navarre avec Heptaméron (62 nouvelles et un roman philosophique), la bande dessinée (Hergé, Jacobs, Pratt), la chanson (Brassens, Brel), le roman policier (Chandler, Christie, Hammett), le théâtre (Feydeau, Giraudoux, Electre, Ionesco, Molière, Musset, Rostand), contes (Pierre Gripari, La Fontaine, Hoffmann, Calvino). Bravo pour l’absence d’à priori, des livres qui comptent est le seul but. La culture étant le moyen de construire son libre-arbitre. On trouve aussi bien Céline, Vailland, Bloy, Zola, Aragon, Bernanos, Maurras, Morand, Malraux, Nimier, Daumal, De Roux, etc. Certains ont peu d’œuvres à leur actif, parfois, une seule, comme Alain-Fournier avec Le Grand Meaulnes, texte incontournable de la littérature française. Ou Casanova avec Histoire de ma vie, Geoffrey Chaucer, Les Contes de Canterbury, Choderlos de Laclos Les Liaisons dangereuses, Dante, la Divine Comédie, Les clochards célestes de Kerouac, Les sept piliers de la sagesse de T.E. Lawrence, Lolita, Mil neuf cent quatre-vingt-quatre. Nous sommes heureux de voir la présence Albert Paraz avec Bitru, Histoire d’O, Mémoires de Saint-Simon, Le dernier des Mohicans, etc. Si on part du principe qu’entre onze et vingt-et-un ans on lit un peu plus de trois livres par mois, c’est tout à fait raisonnable pour un lecteur moyen. On est parfois surpris par certains choix : Balzac avec Histoire des Treize, Henri Béraud avec Le Bois du Templier pendu, Georges Bernanos et Monsieur Ouine, Flaubert et Salammbô plutôt que Madame Bovary ou Un cœur simple, Gorki, Une confession plutôt que Les bas-fonds ou La mère. On note les incontournables : Gatsby le magnifique, Tess, Le loup des steppes, Ubu Roi, Le Livre de la jungle, Le Guépard, La peau, Sans famille, Les Thibault, Moby Dick (mais pourquoi l’absence de Hawthorne ?), Le paradis perdu, Autant en emporte le vent, Les Essais de Montaigne (mais pourquoi pas Diderot avec Le Neveu de Rameau ?), Le docteur Jivago, Du côté de chez Swann, La Nausée, Les raisins de la colère, Le Rouge et le Noir, Barry Lyndon, La guerre des mondes, L’écume des jours, Candide, Le portrait de Dorian Gray, Les mémoires d’Hadrien, Le joueur d’échecs, Fondation, Orgueil et préjugés, etc. Bravo pour Le Festin de Babette de Karen Blixen plutôt que La Ferme africaine, Pourquoi Mort à Crédit de Céline, plutôt que le Voyage, Hugo La Légende des siècles plutôt que Notre-Dame de Paris ou L’Homme qui rit, Léo Malet, pourquoi pas Trilogie noire ? Thoreau, La vie sans principe plutôt que Walden, Joseph Conrad Nostromo plutôt que Lord Jim ou Au cœur des ténèbres ? Et, absence de Virginia Woolf, de Jim Harrison, Pearl Buck ? Ce sont de petites questions anodines, car ce qui compte, c’est l’incitation à lire, à enrichir son esprit, car chaque livre est une passerelle vers un autre. Un achat vivement conseillé. Un livre de référence. Broché. Format : 15 x 23 cm. 728 p. 24,90€. Paule Martigny