La Constellation Rimbaud / Grasset
Jean Rouaud, prix Goncourt 1990 pour « Les champs d’honneur » est l’auteur d’une œuvre considérable. Dans les pas de Rimbaud, il suit son parcours, chaque lieu peuplé des personnages de sa vie et de ses rencontres : Dole, Charleville, Charleroi, Paris, Londres, Bruxelles, le grand tour, Dijon, Chypre, Hodeïda, Aden, Harar, Marseille. Après chaque épisode abordé Jean Rouaud commente l’évolution de Rimbaud. L’élève ingérable selon le vieux professeur débordé par son insolence : « Intelligent tant que vous voudrez mais il a des yeux et un sourire qui ne me plaisent pas. Il finira mal. En tout cas rien de banal ne germera dans cette tête : ce sera le génie du bien ou du mal. » L’ennui du jeune Arthur qui pour s’extirper de cette pesanteur qui l’insupporte prend la direction de Paris. Il rencontre Verlaine qui a vingt-sept ans, dix de plus que lui. Il est marié à Mathilde qui sera La saison en enfer de l’adolescent. Elle le supporte mal. La ribambelle de rencontres : Théodore de Banville, Charles Cros, Fantin-Latour, Félix Régamey, etc. L’épisode belge avec Verlaine. Puis Londres. Paris, Londres : deux fiascos. Il veut voir du pays. A vingt ans la poésie c’est fini. Les années d’errance vont suivre et leur cortège de maladies, mais aussi Mariam, la femme abyssine de Rimbaud. Jean Rouaud revient sur la personnalité de la mère, Marie-Félicité-Vatalie tellement décriée, revêche autoritaire, bigote. Il insiste sur la tragédie de sa vie, abandonnée par son mari elle verra mourir trois de ses cinq enfants. Dévouée, elle se précipite chaque fois qu’Arthur la sonne. Le dernier acte, c’est Marseille, amputé et halluciné par les tisanes de pavot. Il meurt. Il a trente-sept ans. Lecture conseillée. Une des meilleures parutions lues sur Rimbaud en cette année du 130e anniversaire de sa mort. Broché sous jaquette. Format : 180 p. 18€. Paule Martigny. Mémoire des Arts