La femme et l’oiseau / JC Lattès
Ce roman d’Isabelle Sorente est composé en deux temps. Le présent avec Elisabeth et sa fille Vina et le passé avec les souvenirs de Thomas. Elisabeth se réfugie avec sa fille Vina exclue du lycée pour violence envers un camarade, chez son grand-oncle en Alsace. Thomas a 91 ans, il est très grand et vit seul dans sa maison en lisière de forêt. Tous les matins il part dans les bois et revient vers 11 heures. C’est un rituel. Vian est née en 2003 d’une mère porteuse en Inde, une veuve très pauvre. Vina n’est pas enthousiasmée par ce séjour, d’autant que sa mère part en la laissant seule avec l’aïeul. L’adolescente va bientôt être fascinée par le vieil homme qui communique avec les oiseaux et lit les pensées. D’où cela lui vient-il ? Ces dons, il les a acquis pendant la guerre au moment où il a rencontré le faucon pour la première fois, quand il s’agissait de survivre. Thomas et son frère Alex étaient des Malgré-nous, pris au piège des combats. Pendant la guerre Ils furent précipités dans le chaos du front de l’Est. Les deux frères, Alex 20 ans et Thomas 17 ans, furent capturés par les Russes et envoyés au camp de Tambov tristement célèbre pour ses conditions odieuses. En hiver les cadavres gelaient à l’intérieur de la baraque qui servait de morgue, empilés les uns sur les autre et soudés par la glace. Une centaine de morts par jour étaient entassés tellement collés par la glace qu’il fallait les séparer à coup de pioche. A la corvée des morts, la nuit, les gars ne tenaient pas plus d’une semaine. Thomas au cours de leur détention assistera impuissant à la transformation désastreuse de son frère. Le vieil oncle raconte. Entre l’adolescente qui n’aurait jamais dû naître et le vieil homme se tisse un lien bouleversant. Ces êtres désemparés, tous trois des « Malgré-nous » de la vie, vont lentement s’apprivoiser. Lecture absolument conseillée. Un des romans forts de cette rentrée littéraire. Broché. Format : 20 x 13 cm. 396 p. 20,90€. Paule Martigny