La mécanique de l’ange / Editions de Borée
Excellent roman de Philippe Hugon qui a été journaliste pendant quinze ans. Paris, avril 1793. Après un dépit amoureux, François Dambrun, beau jeune homme mais sans fortune, entre au service du bourreau du Tribunal révolutionnaire. Charles-Henri Sanson, Charlot pour le peuple, bourreau de son état, une lignée, de père en fils. Il est de haute taille, une carrure robuste, personne ne l’a jamais vu sourire, encore moins de rire. Il aime la musique et joue avec un Prussien, alternant clavecin, violoncelle ou violon, le plus souvent du Gluck, et aime choyer les roses de son jardin. Il est toujours impeccablement vêtu, méticuleux et respectueux, pas comme ses aides dont l’un d’eux aime regarder dans les yeux le supplicié au moment où sa tête va tomber. La candidature de François Dambrun à un moment où il a besoin de renfort lui inspire de la sympathie. Sanson est conquis par l’aplomb du jeune homme, son esprit franc, et sa figure d’un ange tombé du ciel. Sanson trouve un réconfort dans sa présence, d'autant qu’il souffre secrètement d'exercer un métier qui lui fait de plus en plus horreur. François est ravi. Il gagne plus avec sa première prestation que pendant un mois chez le notaire Nemours. Desmoret, le premier aide de Sanson, déteste immédiatement François surnommé par l’équipe, « le blondin ». Avec son premier gain François file chez le meilleur tailleur. Il va pouvoir reconquérir sa bien-aimée. C’est ce qu’il croit. L’exécution de Louis XVI déconcerte Sanson, celle de Marie-Antoinette le perturbe et achève de le déstabiliser. Celle de Charlotte Corday le déprime ainsi que le pénible raté de l’exécution par son premier aide d’un vieux curé. La condamnation de la reine a aiguisé le zèle des juges du tribunal révolutionnaire. Rapidement, Girondins et Montagnards s’apprêtent à s’entredévorer. Qu’augure le déplacement de la « monte-à-regret » de la Conciergerie à le place de la Révolution ? Les sentences de mort se multiplient. Que de sang ! Les charrettes sont de plus en plus remplies. On place les célibataires en dernier, les époux après les épouses, les pères avant les fils selon les sombres règles de l‘échafaud. François quant à lui officie, imperturbable, mécanique, sans joie ni haine. Il n’a qu’un désir, prendre sa revanche. Un jour, Sanson découvre amèrement les sadiques projets que complote son jeune apprenti. Une lutte s'engage alors, sur fond des événements de la Terreur. Lecture recommandée. Collection Vents d’Histoire. Broché. Format : 15 x 23 cm. 18€. Paule Martigny. Mémoire des Arts