La position de mort flottant / Editions Héros-limite
Jim Harrison s’estimait avant tout poète. Il publia quatorze recueils de poésie entre 1961 et 2016. Pourtant ce sont ses romans et ses recueils de nouvelles qui lui assurèrent le succès, surtout à partir de 1979, avec « Légendes d’automne ». Mais en fait, il n’y a pas de frontière entre sa poésie et sa prose, lyrique, truculente sur fond de mélancolie. Dans ce recueil le colosse débordant d’énergie qui ne pouvait pas tenir en place est amoindri par la maladie et rivé à son siège. Big Jim est devenu Poor Little Jimmy, frappé d’une forme grave de zona et terrassé par de lourdes opérations chirurgicales. Comment survit Poor Little Jimmy ? En adoptant la position du mort flottant. Qu’est-ce ? C’est une technique de survie pratiquée par le nageur fatigué. Faire la planche, mais à l’envers en regardant le fond. En apnée, immobile tel un noyé. La position permet de récupérer. Puis on cesse de faire le mort et on repart. Les poèmes de ce recueil fournissent le mode d’emploi de ces pauses revigorantes. Pour tromper la souffrance et la mort, Harrison se remémore la beauté de la nature qu’il aime tant, ses chers fourrés, la nage de nuit, sa chienne Zilpha décédée, les poètes aimés. Loin de nous affliger ses derniers poèmes sont des pauses vivifiantes. Quand on connaît l’œuvre de Jim Harrison, on le retrouve là, tout entier. " Les dieux ont sans doute de bonnes raisons / pour m'exiler dans cette solitude de douleur." (poème "Sorcellerie perdue"). Lisez aussi et peut-être en même temps « Un sacré gueuleton » paru en poche (J’ai Lu 2020). C’est unique. Traduit de l’anglais par Brice Matthieussent qui a traduit de grands noms de la littérature contemporaine : Bukowski, Fante, Bowles, McLiam, etc. Il a reçu en 2013 le prix Jules Janin de l’Académie française pour sa traduction de l’œuvre de Jim Harrison. Il signe une très belle postface : « Bacchus malade ». Broché avec rabats. Format : 13 x 19 cm. 128 p. 18€. Paule Martigny