Langue morte / Buchet Chastel
Hector Mathis est né en 1993 dans la banlieue parisienne. Il est actuellement responsable des relations culturelles de la Maison Zola / Musée Dreyfus. Avec "Langue morte", il confirme son talent, dans un style vif, percutant, très célinien. Le narrateur adulte erre solitaire dans les rues de son enfance, dans ce "pays" de bordure qu’il appelle la grisâtre. Il se souvient des voisins, de ses parents, et de tous ces êtres croisés, souvent pitoyables. Le soir où son père l’emmène au théâtre voir "Le Double" de Dostoïevski, le gosse de banlieue est sonné. Il a une révélation : "Plongé dans Saint-Pétersbourg. Dans l’étrange ville préméditée. Aux côtés du fonctionnaire sur la perspective Nevski…Coincé comme lui dans cet improbable délire ! Torrent de larmes, d’angoisse et de génie ! J’en suis ressorti bien plus vieux. Il m’a fallu quelques minutes pour retrouver mon âge…". Voici un exemple de la concision de l’écriture d’Hector Mathis, des mots choisis, de leur assemblage pour traduire la pensée profonde du narrateur. Dans ce roman il revient sur sa petite enfance à la maternelle, les classes de primaire, et les jeux dérisoires et souvent cruel des enfants. Ceux qui attendent les plus petits qu’eux pour les malmener. Déjà un exemple en miniature de la vie des hommes. Les visites à la grand-mère Mie Joss, sa mort, Jérémie le frère qui tourne mal, etc., sont profondément touchantes. Chaque page se savoure. Adolescent, quand cet environnement deviendra insupportable, il fuira. Ce sera l'Autriche, Paris, le Gard, l'Allemagne et l'Italie. Côté pile, son périple le conduit du désoeuvrement, à la souffrance et à la colère. Mais côté face, il découvre l'amour, la musique et l'amitié. Le basculement d’une époque dans une autre. Lecture conseillée. Auteur à suivre. Broché. Format : 13 x 19 cm. 256 p. 17,90€. Paule Martigny