Le choix de Martin Brenner / Grasset
Un roman « essentiel » et puissant de Björn Larsson. À la mort de sa mère Maria, Martin Brenner ressent du chagrin mais réalise qu’il ne s’est jamais vraiment senti proche d’elle. Il procède à la dispersion des cendres selon ses dernières volontés, met sa maison en vente, puis il reprend le cours de sa vie heureuse, entouré par son épouse Cristina et sa fille Sara. Brenner discret et plutôt solitaire est généticien et directeur d’un laboratoire. Mais lorsqu’un avocat l’appelle pour lui annoncer que sa mère était juive et survivante des camps, sa vie prend un tournant imprévu. Petit à petit, les révélations contenues dans une lettre laissée par sa mère et les informations que lui fournissent l’avocat et le rabbin de la ville où il habite, le poussent à faire des recherches sur l’identité juive. Il croise ses lectures personnelles sur le sujet avec ses recherches en génétique touchant à la question de l’appartenance religieuse et ethnique, vue par la science. Il décide de n’en parler à personne avant de prendre une décision quant à sa judéité : il refuse l’idée qu’il doive assumer le fait d’être juif seulement parce que sa mère l’avait été. Pourquoi ne lui avait-elle rien dit ? Pour lui laisser la liberté de choisir. Elle avait tant souffert en des temps obscurs, qu’elle ne voulait pas lui imposer sa judéité. Il s’aperçoit qu’elle a payé le prix fort pour lui donner cette liberté. Mais lors d’un colloque scientifique à Montréal, il est pris à parti dans un débat. Alors qu’on l’accuse d’antisémitisme, il révèle être juif. Le piège se renferme sur lui, et le château de cartes qu’est devenu sa vie s’effondre : sa femme Cristina, ignorant tout de sa réflexion, se sent trahie, puis quand lui et sa fille deviennent la cible d’attaques antisémites, son épouse le quitte. Il perd son travail, son meilleur ami se détourne de lui, seul le rabbin Golder maintient le contact. Il fait alors appel à un écrivain célèbre et lui demande de raconter son histoire. Ce roman concerne ceux qui refusent d’être réduits à leur identité génétique. La plus grande difficulté : choisir d’être juif ou pas, modifie son rapport aux autres. Le choix de Martin Brenner nous fait vivre de l’intérieur la descente aux enfers d’un homme aux prises avec la question identitaire d’autant plus qu’il est un généticien spécialiste de l’ADN. Le roman nous propose une interrogation sur le libre-arbitre. Comment savoir qui nous voulons être dans notre vie intime et aux yeux de la société ? Comment rester libre dans ce choix ? Une lecture conseillée. Traduit du suédois par Hélène Hervieu Broché. Format : 13 x 20 cm. 464 p. 24€. Paule Martigny. Mémoire des Arts