Le monarque des ombres / Actes Sud
Javier Cercas, né en 1962, a décidé de raconter, après avoir beaucoup hésité, l'histoire tragique de son grand-oncle, mort dans les rangs de l'armée franquiste, pendant la bataille de l'Ebre. Longtemps, Javier Cercas eut honte de ce membre encombrant de sa famille, d'autant plus qu'il affiche des opinions de gauche, ce qui aujourd'hui ne signifie plus grand-chose d'admirable et de digne, depuis la ridicule pantalonade sexuelle de Strauss-Kahn, et, l'exécrable déconfiture de Hollande et de ses amis, Michel Sapin et Jean-Michel Cambadélis. Manuel Mena, tel est le nom du grand-oncle, est mort, sous lieutenant, il avait dix-neuf ans. Peut-on comprendre son engagement ? Oui, parce qu'il était très jeune, d'ailleurs, une question reste posée, quand on connaît les exactions imposées par les bolchéviques à l'ensemble du monde. Fallait-il soutenir avec Dolorès Ubaruri, la Passonaria, l'ascension des communistes ? Faut-il encore s'engager dans le jugement de l'histoire, de notre passé ? Qui sommes-nous pour nous engager dans cet exercice périlleux, et souvent déshonorant ? A la fin de son roman, Javier Cercas, installé avec sa mère dans la chambre, où mourut Manuel Mena, trouve les mots justes, pour dire le respect qu'il doit pour la souffrance d'un jeune homme, presque encore un enfant. Une lecture recommandée. Traduit de l'espagnol par Aleksandar Grujici avec la collaboration de Karine Louesdon. Broché. 320 p. Format : 24 x 14,5 cm. 22,50€. Alain Vollerin