Le Pacte de l’eau / Flammarion

Mardi, 4 Février, 2025 - 09:06

Trois générations en Inde. Une saga bouleversante…

Instantanément absorbée par l’histoire et par le style d’Abraham Verghese, j’entame avec intérêt la deuxième partie. Rageuse de découvrir une nouvelle unité de lieu, temps et personnages, je formule un m…e en mon for intérieur. Dominant mon agacement je poursuis, tout au sérieux de ma future recension - la pratique littéraire de changements d’époques fréquentes dans les fictions m’irrite car je trouve qu’elle fait décrocher. Ma déception est rapidement oubliée avec un nouveau récit, une histoire saisissante à Glasgow. Le nouveau personnage victime de drames successifs se retrouve dans l’Inde du début du roman, au Kerala. Cette saga de plus de 800 pages en dix parties addictives laisse des traces. Je vous engage ardemment à sa lecture. 

Le roman d’Abraham Verghese contient de forts accents autobiographiques liés à la médecine, sa profession, et particulièrement à la chirurgie. Ses personnages, tous d’une densité unique sont les exemples de la force de la résilience. Les circonstances guident les protagonistes vers des choses qu’ils n’avaient pas prévues. Une leçon de vie. Un mal pour un bien est une constante. Le Pacte de l’eau signifié comme une malédiction gagne un autre sens au fur et à mesure de la lecture. Il est ce qui relie les uns aux autres.

La vertu des livres induite de façon subtile dans le déroulement de la saga forme un lien vivant et générationnel. Avec eux c’est le monde qui vient à nous jusque sur le pas de la porte. L’art quant à lui, bien présent aussi, transmet une part intime, celle des non-dits exprimés autrement que par des mots. Courage et ténacité sont des exemples à suivre face à l’adversité. Le choix auquel chacun est confronté : continuer ou s’arrêter ? Nul n’est épargné par les peines et les secrets cachés dans les endroits les plus évidents. La force du destin, celle de la volonté et de l’infinie empathie. Vous allez pleurer de joie ou de tristesse. Mais intensément.

Voici un succinct aperçu de l’histoire : Travancore, 1900. Une fillette monte à bord d’un bateau qui la conduit à la cérémonie de son mariage. Un monde inconnu et la séparation d’avec sa mère l’angoissent. Son futur époux, veuf dans la force de l’âge est un bon parti, mais elle découvre bientôt que sa famille est frappée d’une malédiction : des noyades répétitives dans cette région du Kerala où l’eau est omniprésente. Au cours de sa longue et extraordinaire vie, celle qui deviendra Big Ammachi connaîtra le grand amour, la douleur de pertes irréparables, et sera témoin des transformations majeures de son pays. Sa petite-fille portera son nom de baptême, Mariamma. Devenue médecin elle va chercher à élucider scientifiquement cette mystérieuse malédiction. Des découvertes bouleversantes vont jalonner sa vie. "Évocation lumineuse d’une Inde révolue et sublime évocation du passage du temps, Le Pacte de l’eau est un livre-monde qui, à travers les existences pétries de joies, de triomphes et d’épreuves qu’il dépeint, explore toutes les facettes de l’expérience humaine."

Abraham Verghese est né en Éthiopie de parents originaires du Kerala, en Inde. Il vit et exerce la médecine à Stanford, en Californie, où il est aussi professeur doyen et vice-président du département de médecine de l’université. Après La Porte des larmes (Flammarion, 2010), Le Pacte de l’eau est son deuxième roman.

Traduit de l’anglais par Paul Matthieu. Broché. Format : 15,9 x 24 cm. 832 p. 24,90€

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com