Le prisonnier / Editions Picquier
Hwang Sok-yong, né en Mandchourie en 1943 est un écrivain sud-coréen. Sa famille avait fui l'occupation japonaise pour la Corée. Hwang Sok-yong habite au Nord puis au Sud. Il combat les régimes autoritaires jusqu'à la fin des années 90. En 1989 il se rend sans autorisation en Corée du Nord dans le but de promouvoir des échanges d'artistes. A son retour en 1993, il est jeté en prison (« Je n'étais en fin de compte qu'un homme de lettres ignorant beaucoup de choses »). Considéré comme un espion, il est victime de la loi de sûreté, « une sorte d'instrument de supplice ». « Quand on m'a poussé les yeux bandés, dans l'escalier qui menait au sous-sol, j'ai compris que j'allais être une proie idéale de cette loi ». « Ils m'avaient attendu en aiguisant leurs couteaux pour me cuisiner dès que je rentrerais au terme de ces quatre années d'exil pendant lesquelles j'avais circulé par monts et par vaux. Leur frustration était telle qu'ils étaient prêts à me dépecer. Il me fallait être bien naïf pour croire que je m'étais comporté dignement pendant l'enquête, avec le sentiment de les avoir dominés. Ce n'est que plus tard que je me suis rendu compte à quel point j'avais été docile : un petit caniche qui donnait la patte à ceux qui le demandaient. » Prisonnier politique pendant cinq années, du fond de sa cellule de trois mètres carrés il revit ses engagements, et mène dix-huit grèves de la faim pour améliorer les conditions de vie de ses compagnons de prison : condamnés à mort, chefs de gangs, syndicalistes, intellectuels, ouvriers et paysans, Il évoque son enfance de réfugié de guerre, la fuite vers le Sud sur le dos de sa mère, son admiration pour cette « Mère Courage » qui élève seule quatre enfants, l'expérience traumatisante de la guerre du Vietnam, la lutte contre la dictature de Park Chung-hee, les massacres du soulèvement du Gwangju, ses rencontres, et, l'écriture. Il se dégage de cette lecture une énergie stupéfiante, une grande générosité et une obstination exemplaire d'un écrivain qui écrit : « Je suis simplement quelqu'un qui caresse le rêve d'une réunification pacifique ». Traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. Lecture recommandée. Broché. Format : 17 x 21 cm. 834 p. 26€. Paule Martigny