Les dix mille mulets / Editions du Rocher
C’est le premier roman de Salvatore Maira, scénariste et réalisateur. Il est l'auteur d'essais sur le théâtre baroque, sur la relation entre le cinéma et la littérature, sur Verga, Svevo, et Pirandello. « Diecimila muli » (Les dix mille mulets) a reçu le prix Corrado Alvaro 2018. En Sicile, en1949, le jeune éleveur de bétail Peppino Maiorana vient d'obtenir un marché mirifique : fournir dix mille mulets à la Grèce pour solder la dette de guerre de l'Italie. La Grèce a souffert, 40 000 morts de faim rien qu’à Athènes. Les mulets représentent l’espoir pour les gens, que les Italiens ont massacrés il y a quelques années. Face à cet enjeu insensé, Peppino doit faire face à deux obstacles majeurs : sa famille et la mafia. Dans un premier temps associé à son frère, unis pour enrayer la misère, Peppino va s’obstiner zigzaguant entre les doutes et les menaces, refusant de laisser passer l'occasion de sa vie. Il va trouver un allié inattendu dans le singulier et paradoxal Giulio Saitta. Cet officier de la police d’Etat n’hésite pas à faire du chantage à un officier de l’armée, pour le compte d’un maquignon ! Dans le port de Messine, se croisent paysans, marchands, mineurs, espions, fascistes recyclés, prostituées, un ensemble de personnages désespérés, drôles, touchants, solitaires, qui essaient avec inventivité et sans trop de scrupules de rebondir sur les décombres de la guerre. Parmi eux, une prostituée qui après avoir reçu un héritage, a cessé de faire le trottoir, est tombée amoureuse d’une femme, veuve d’un nain ignoble, avec laquelle elle est allée vivre, et qui est devenue marchande de grains. Sur fond de néofascisme, de meurtres impunis, de misère, et de règlements de comptes mafieux ou pas, ce roman aux allures burlesques mêle faits et personnages réels à de multiples intrigues gigognes. Ce grand roman picaresque et subversif dresse un portrait sans concession sur l’histoire politique et sociale de la Sicile de l’après-guerre. Broché. Format : 16 x 24 cm. 672 p. 24€. Paule Martigny. Mémoire des Arts