Les fantômes de Versailles / Albin Michel

Vendredi, 31 Janvier, 2025 - 10:03

Paris, là où rôde la police secrète. Une enquête captivante selon des principes préfigurant la naissance de la police moderne

Dans un style alerte, Jacques Forgeas nous entraîne dans une enquête au cœur du Grand Siècle à un moment où la construction du château de Versailles n’est pas encore totalement terminée. C’est encore l’époque de l’affaire des poisons et celle de la guerre avec la Hollande et des luttes intestines plus sournoises. Les amours du Roi-Soleil avec la duchesse de La Vallière ont vécu leur crépuscule. Elle s’apprête à entrer au couvent. Son portrait par Pierre Mignard à la demande du souverain intrigue. La nouvelle maîtresse de Louis XIV, la marquise de Montespan, est de nature jalouse. De quelle façon le célèbre peintre va-t-il représenter la duchesse ?

Le roman débute en 1973 par un crime atroce. Une jeune femme est assassinée, presque décapitée par une lame portée en un seul coup. Ses lèvres sont cousues. Curieuse divergence entre la brutalité inouïe de l'arme blanche et la finesse de la couture en fil de soie.

Ce meurtre ne sera pas un cas isolé. Un tueur en série opère, toujours sur le même type de proie. Le lieutenant général de police du Roi Soleil, La Reynie, charge deux inspecteurs de l’enquête. Leurs investigations vont les mener des bas-fonds jusqu'aux hautes sphères du pouvoir. A qui profitent les crimes ?

Jacques Forgeas, scénariste de cinéma et de télévision, a déjà publié deux romans : Le manteau de plumes (Plon, 2002) et Le jumeau de l’Empereur (Robert Laffont, 2009). Sa parfaite connaissance du Grand Siècle apporte une belle ossature à son récit. Le roman est composé de plusieurs facettes, les protagonistes se croisent, se défient, se craignent, s’aiment, se trahissent, entre autres tribulations. Le dynamisme des situations tient le lecteur en haleine.

Parmi les personnages principaux le jeune peintre romain, Emilio, amant de la comtesse de Cruissan. Nécessité oblige. Les dessins qu’il fait des jeunes mortes à la morgue vont s’avérer efficaces pour mener des recherches sur ces victimes non identifiées. Raison pour laquelle La Reynie d’abord scandalisé, comptera sur son talent pour contribuer à l’enquête marquant les prémisses de la police scientifique. Malgré lui, le jeune artiste italien engagé comme apprenti par Mignard, sera doublement sollicité par la police et sa maîtresse pour espionner l’avancement du portrait de duchesse de La Vallière.

Un roman qui retient vivement l’attention, entre rebondissements, connaissances historique et artistique de l’auteur, bien renseigné sur le processus de création picturale et sur le symbolisme du portrait de Louise de La Vallière.

Broché. Format : 22 x 15 cm.  440 p. 22€.

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com