Marlene / L'Archipel
Mais qui est-elle ? Certains pensent qu'elle est proche des nazis, d'autres qu'elle est résistante. Comme dans toute dictature, la politique est fondée sur la haine. Dans ce roman qui se fait l'écho d'événements réels, Hanni Münzer, fait le portrait d'une femme forte, à la volonté farouche. C'est un plaidoyer pour la paix et un réquisitoire contre les belliscistes. Au soir de sa vie, Marlene, célèbre artiste qui mène une vie retirée raconte. Elle souhaite que son autobiographie ne soit publiée qu'après sa mort. A 97 ans, elle est toujours combative. Le récit de son parcours est déchirant. Le lecteur vivra au cœur du camp de concentration polonais, où les boureaux SS tiraient tant de satisfaction à faire souffrir les détenues. Marlene est emprisonnée dans une baraque dirigée par une « mère maquerelle », avec d'autres femmes choisies par le colonel Brunnmann pour « les délices sexuels ». Le viol considéré comme une arme de guerre est très apprécié par les amis du colonel qui est encadré par un assistant sadique. Un médecin juif résistant essaie d'adoucir le calvaire des détenues. Ce personnage imaginaire, Gustav Berchinger, apparaissait déjà dans le précédent roman : « Au nom de ma mère » (Archipoche 2020, 480 p. 8,85€). Sa lettre-testament admirable est reproduite à la fin du récit. Lecture conseillée. Traduit de l'allemand par Anne-Judith Descombey. 464 p. 23€. Paule Martigny