Terminus Berlin / Le Tripode
Edgar Hilsenrath est né en 1926 en Allemagne. Il est issu d'une famille juive déportée dans un ghetto ukrainien pendant la Seconde Guerre mondiale. Survivant, il émigra en Palestine, en France, puis aux Etats-Unis avant de revenir à Berlin, en 1975, où il réside toujours. A l'inverse de son double dans Terminus Berlin, il a connu le succès aux Etats-Unis et fut longemps refusé par les éditeurs allemands qui rejetaient son approche très crue de la Shoah. Ce n'est qu'après la réédition de « Nuit » et « Le Nazi et le Barbier », qu'il obtint la consécration dans son pays. Son œuvre est aujourd'hui traduite en 18 langues. Ecrivain de la Shoah et de l'exil, « Terminus Berlin » est son dernier roman. Pour son héros, Lesche, son exil de trente ans à New York n'a pas été une réussite. Il décide de revenir à Berlin. Il ne revient pas pour retrouver les Allemands mais sa patrie linguistique, cette langue si chère à son cœur d'écrivain. Le mur est tombé, mais le fascisme renaît pernicieusement. D'autre part, les Allemands témoignent d'un excès de précautions pour les juifs, comme pour réparer, culpabilisés par les horreurs de leurs aînés. Lesche réussit à trouver un éditeur, il vivote, rencontre des femmes, et tombe amoureux d'une jeune arménienne. Le génocide arménien sera le sujet de son futur roman. Il a soixante ans, pratique l'humour et dérision, toujours hanté par son expérience du ghetto. Ce roman corrosif clôt l'œuvre de Edgar Hilsenrath qui déclarait : « quand on écrit quelque chose pour se débarrasser l'âme, on en est définitivement libéré. L'écriture est une libération pour moi. » Hilsenrath s'est-il arrêté d'écrire parce qu'il était « débarrassé », ou à cause de la résurgence du fascisme, dont sera victime Lesche ? Lecture très recommandée. Broché. Format : 14 x 20 cm. 240 p. 19€. Paule Martigny