Une cathédrale à soi / Rivages / Noir
C'est le dernier roman de James Lee Burke dans lequel il opère un retour dans le passé. Burke né en 1936 est issu d'une famille pauvre. Il a passé son enfance entre le Texas et la Louisiane, lieu de l'action de toute la série « Dave Robicheaux », riche de plus de vingt titres. Dave Robicheaux sujet à la mélancolie, a perdu deux femmes, la première assassinée, la seconde victime d’un lupus. Sa belle-fille qu’il aime comme son enfant suit des études à l’université. Le shérif Dave Robicheaux, alcoolique repenti, et son ami indéfectible l'étonnant privé, Clete Purcel. tous deux vétérans du Vietnam, broyés par les cauchemars, sont pris dans l'une des rivalités familiales les plus anciennes et les plus sanglantes de la Louisiane, et vont affronter l'adversaire le plus terrifiant qu'il aient jamais rencontré : un assassin surhumain qui voyage dans le temps. Quand on commence à lire une nouvelle enquête de Dave Robicheaux, on sait qu’on ne sera pas déçu. Là, on est carrément surpris car Burke introduit le surnaturel dans son roman. Depuis le Moyen Age, rien n’a changé, les familles riches continuent d’utiliser leurs enfants pour forger des alliances. Un bourreau infâme du XVIe siècle a fait brûler quantité de juifs. Son nom servait à faire peur aux enfants. Il s’appelait Gedeon Richetti comme l’homme à la capuche qui ressemble à un serpent et bras armé de Johnny Shondell. L’histoire des deux familles rivales est liée au supplice de Giordano Bruno. Une malédiction perdure, les Balangie redevables aux Shondell livrent leur fille adolescente à la famille ennemie. Les deux chefs de clans sont de cruels truands. Dans chaque roman de James Lee Burke l’étrange intervient. Il est propre à l’esprit de la Louisiane. Mais cette fois-ci c’est radical. Pourquoi ? On se dit que ce n’était peut-être pas nécessaire, que les personnages si étranges du cru suffisaient, mais en s’enfonçant dans la lecture, on comprend l’intention, qui est toujours la même mais poussée ici à son paroxysme : l’affrontement du Bien et du Mal. L’évocation d’un monde invisible parallèle et une fatalité de plusieurs siècles dans lesquels se débattent les deux « chevaliers blancs » alcooliques habités par leurs propres démons. Le mal n’a pas changé. Et au final le bourreau cherche la rédemption, car il est le seul à pouvoir annuler la malédiction. On est en totale immersion dans le pays cajun, au cœur du bayou Teche, l’un des plus grands de Louisiane, auquel Dave est tellement attaché, Les pages sur la nature aussi stupéfiante qu attachante sont très oniriques et éveillent la nostalgie sur l’éphémère beauté et la fragilité de la vie. La bande son de la Nouvelle Orléans à laquelle James Lee Burke fait souvent référence, plonge l’auditeur profondément en lui-même. Broché. Format : 15 x 22 cm. 448 p. 23€. Parution simultanée en Rivages/Noir poche de « New Iberia blues » paru en France en grand format chez Rivages en 2020. Paule Martigny. Mémoire des Arts