Charlotte Salomon / Nouveau Monde graphic
Les auteurs : Ilaria Ferramosca, scénariste de bande dessinées et écrivain a été parmi les finalistes du prix national Italo Calvino (XXVe édition). Elle enseigne l'écriture de scénarios dans les locaux de Lecce et de Tarente de l'école de bande dessinée Grafite, où elle dirige également le cours de formation pour les professeurs. Dessin de Gian Marco De Francisco, architecte, dessinateur et illustrateur. Il est cofondateur de l'école de bande dessinée Grafite située à Tarente, Bari et Lecce, et a créé le premier centre régional d'apprentissage de la bande dessinée dans les Pouilles. Le scénario de Ilaria Ferramosca a voulu rendre hommage au travail artistique de Charlotte Salomon, d’où le choix de calquer au plus près les choix narratifs en s’inspirant de ses tableaux. La mise en page tend à rendre un double hommage au peintre dont les auteurs racontent la vie et d’autre part à un maître de la bande dessinée. C’est-à-dire en étroite corrélation avec l’art de la scène, évoquant Gianni De Luca, l’un des plus grands auteurs italiens qui a transposé les œuvres de Shakespeare en bandes dessinées. Une mise en œuvre réussie tant pour le scénario que pour le dessin. Avec en préambule "Le legs de Charlotte" par Claudia Bourdin, présidente de RectoVerso, association européenne d’art, d’histoire et de mémoire dédiée à Charlotte Salomon. Jeune peintre juive dans l’Allemagne nazie, Charlotte Salomon (née à Berlin, le 16 avril 1917 - morte à Auschwitz, le 10 octobre 1943) est fille unique, issue d'une famille aisée dont la mère s'est suicidée alors qu'elle n'avait que neuf ans. Elle conçoit l’art comme thérapie pour surmonter la tragédie intime - une chaîne de suicides ayant marqué sa famille, ainsi que le contexte social oppressant. En 1930, son père épouse l’artiste lyrique Paula Lindberg et dès 1933 il perd le droit d’enseigner. Charlotte fréquente l'école des arts appliqués jusqu'en 1938, date à laquelle la montée de l'antisémitisme la pousse à s'enfuir dans le sud de la France, près de Nice, pour vivre avec ses grands-parents, accueillis chez Ottilie Moore, une bienfaitrice américaine. En 1941, vivant désormais seule, elle commence à peindre ce qui deviendra l'œuvre de sa vie,1325 gouaches et aquarelles dont près de 800 abouties. C'est une œuvre autobiographique monumentale unique composée de peintures, de croquis, d’écrits et de citations musicales, dans laquelle la folie et la douleur se transforment en une créativité salvatrice. En 1943, elle confie son œuvre au docteur Moridis dans une grande valise afin qu’il remette "Leben ? Oder Theater ?" (Vie? Ou Theâtre?) à Ottilie Moore, qui la transmettra finalement, en 1946, à son père rescapé d’un camp de concentration. En septembre 1943, L’Allemagne occupe la zone libre. Elle est arrêtée avec son mari, un autre réfugié juif allemand, Alexander Nagler. Elle est déportée à Auschwitz alors qu'elle est enceinte de cinq mois et immédiatement gazée. Le 20 novembre 1971, Albert Salomon et son épouse Paula feront don de cet ensemble au musée historique juif d’Amsterdam. Traduit de l’italien par Aude Pasquier. Broché. Format : 23,9 x 17,1 cm. 128 p. 19,90€. Paule Martigny