L’enfer est vide tous les démons sont ici / Glénat
"Puisses-tu vivre sans sommeil cinq millions de nuits, et vivre chaque nuit les affres de chacun de ceux qui ont pu voir se refermer sur eux la porte qui ôtait tout espoir de retour, se fermer sur eux les ténèbres, tandis que l’air qu’ils respiraient se saturait de mort.", voici un extrait du texte "Pour Adolf Eichmann", de Primo Levi, le 20 juillet 1960. Regardez le reflet dans les verres rouges des lunettes d’Eichmann, en couverture de l’album. Il s’agit de l’entrée du camp, celle de l’arrivée des trains de la mort. Scénario de Marie Gloris-Bardiaux-Vaïente, née en 1975, connue également le nom de Marie Gloris Elle est historienne et scénariste de bande dessinée. En 2012, Thierry Gloris lui proposa de collaborer chez Delcourt sur le diptyque "Isabelle, la louve de France", pour la série "Les Reines de sang". Leur association se poursuivit avec le triptyque "Cléopâtre, la Reine fatale". En 2019, elle publia deux albums sur l'abolition de la peine de mort. Pas étonnant qu’elle ait évoqué avec subtilité le dilemme de la prononciation de la peine de mort d’Eichmann par le tribunal israélien. C’est la seule fois où elle fut appliquée en Israël. Y a-t-il une exception à l’abolition de la peine de mort pour une société s’il s’agit du pire de ses bourreaux ? Dessin de Malo Kerfriden né en 1972 à Redon. Il est le petit fils de l'écrivain breton Pierre-Jackez Hélias, auteur du « Cheval d'orgueil », et le fils d'un membre du fanzine de bande dessinée breton « Frilouz. Lorsque Malo Kerfriden poursuit ses études de Lettres et d'Arts plastiques dans un lycée de Rennes, il rencontre Stéphane Duval, le futur auteur des « Lutins» et de « Janet Jones », qui le présente à Pascal Bertho, fondateur du fanzine rennais. Pas facile de dessiner un procès et la réalité des camps. Défi bien relevé par Malo Kerfriden. Le récit alterne passé et présent. Les flash-backs sont en noir et blanc et le temps du procès en couleur, en bleu gris et jaune paille. La BD s’ouvre à Jérusalem le 29 mai 1960. C’est le jour de l’annonce par Ben Gourion, premier ministre d’Israël à la tribune de la Knessets, de l’arrestation d’Adolf Eichmann par les services secrets israéliens. Le Mossad a géré son enlèvement en Argentine. Un procès historique va s’ouvrir le 11 mai 1961. Jeanne, une jeune journaliste est là pour comprendre, pour saisir l’inavouable. Elle n’est pas juive et est accueillie fraîchement. Nous avons suffisamment de journalistes qualifiés pour suivre le procès lui est-il rétorqué. Elle rencontre Hannah Arendt et assiste à la controverse de ses positions : Eichmann fonctionnaire du IIIe Reich, "la banalité du mal". En juillet 1941, Heydrich fut en charge de la solution finale. Il en délégua la planification à Adolf Eichmann qui devint l’assassin de six millions de juifs. J’ai rempli mon devoir, j’ai obéi aux ordres déclara-t-il jusqu’à son dernier souffle. Album relié. Format : 20 x 26 cm. 128 p. 19,50€. Paule Martigny