Le Cid / Editions du Long Bec
Le Cid d'Antonio Hernàndez Palacios (1921-2000) est une des œuvres clés de la bande dessinée espagnole. Tout au long de sa carrière, cet auteur cultivé adopta le style médiéval, du réalisme au fantastique. Dans son Cid, il décida qu'il « serait primordial que la fraîcheur de l'imaginaire vienne oxygéner l'aridité du récit historique. » Antonio Hernàandez Palacios était attiré par les histoires de frontières sur lesquelles deux mondes opposés s'affrontent, comme l'exprime si bien Roger Seiter dans son beau texte introductif, qu'il complète avec un rappel historique de La Reconquista espagnole. Nous comprenons la volonté de Palacios de se concentrer sur les décisions de quelques hommes dans des circonstances extrêmes, privilégiant le dramatique au terrible et l'épique au violent. Il s'attacha particulièrement à traduire la psychologie des personnages incarnant la nature du conflit qui ravageait l'Espagne médiévale, dans son style baroque enflammé, puissamment encré. Les deux premiers tomes furent publiés sous forme de feuilletons en 1971 et 1972, puis en albums. Dix ans après, la série reprit avec l'ajout d'un troisième tome, puis, d'un quatrième, qui se termine devant le cadavre de l'Empereur. Palacios avait prévu un projet gigantesque qu'il n'eut hélas pas l'occasion de mener à son terme. En fin d'album, les notes préparatoires de la suite du Cid par José E. Martinez apportent des précisions. On imagine aisément que a recherche documentaire fut exigeante. Le désir de Palacios était d'attacher le lecteur autant par le fond que par la forme. C'est une très grande œuvre de bande dessinée. Nous vous rappelons « Roncevaux » que nous avions évoqué dans une précédente recension. Album relié. Couverture cartonnée. Format : 23,5 x 32,7 cm. 208 p. 32€. Paule Martigny