Le Dieu-Fauve / Dargaud
Le scénario est porté par une voix off de Fabien Vehlmann dans une Afrique imaginaire qui met les nerfs à vif. Le récit est intensifié par le splendide dessin de l'espagnol Roger soutenu par un encrage appuyé. La diversité de la composition des planches captive l'attention et enrichit la lecture. Le trait est limpide et la mise en couleur sensible. Les séquences de combat sont stupéfiantes et les moments intimes touchants.
Le jeune singe orphelin Sans-Voix cherche à prouver sa valeur et pénètre dans le territoire des humains, aspirant à devenir le meilleur chasseur de son clan. Il voit les siens massacrés et est capturé et dressé pour combattre dans les arènes de l'Empire. Il devient une machine à tuer, le Dieu-Fauve.
"Je l'ai dressé à devenir une arme divine, Altesse. Et il m'a fallu pour cela faire grandir en lui une colère et une souffrance qu'il vous serait difficile d'imaginer…" Ou comment transformer un être doux et craintif en tueur.
Bientôt un déluge rebat les cartes. Quelques survivants, dont les maîtres du Dieu-Fauve tentent de rejoindre la capitale. Lui, ne pense qu'à la vengeance.
Cette bande dessinée interroge. On peut l'interpréter comme un conte philosophique. Comment réagir face à l'effondrement d'une civilisation et en proie au danger? Il est question de la quête mortifère des hommes, des tourments de l'âme humaine et du décryptage des mécanismes ravageurs de la domination.
Roger Ibanez Ugena a étudié la bande dessinée à Barcelone. Avec Raule il a lancé en 2007 chez Dargaud la série Jazz Maynard (7 tomes parus).
Relié. Couverture cartonnée. Format : 24 x 31,8 cm. 112 p. 21,50€.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com