Pinard de guerre / Grand Angle
Une bande dessinée remarquable. Elle traite d’un fait historique : 15 000 000 hectolitres d’alcool consommés par les poilus durant la Grande Guerre, 1914 étant l’année coïncidant avec la période où la production de vin en France a explosé jusqu’à la saturation. Le vin appartient à la lignée des stimulants et psychotropes, qui, depuis l’Antiquité, ont été utilisés pour donner du courage aux soldats, diminuant leur stress et décuplant leur agressivité. Pinard de guerre. Quelle idée géniale de titre ? Elle est du scénariste Philippe Pelaez qui met en scène Ferdinand, un planqué simulant une infirmité pour échapper à la guerre, et immergé malgré lui dans la guerre. On le prend tout de suite pour un sale type. Il est grossier, violent, sans scrupules, puis, notre perception évolue au fur et à mesure des circonstances. Ferdinand livre son "pinard" frelaté, magouillant pour le meilleur profit. Mais sur le Front, il rend compte de la déshumanisation des soldats. L’histoire est soutenue par le dessin formidable de Francis Porcel qui a déjà collaboré avec le scénariste Philippe Pelaez sur le one-shot "Dans mon village on mangeait des chats"en 2020. Nous sommes impatients de découvrir le deuxième volet de ce diptyque au titre également révélateur de "Bagnard de guerre", la suite des mésaventures de Ferdinand. Album cartonné. Format : 24 x 32 cm. 64 p. 14,90€. Paule Martigny