Recette de famille / Glénat
Presque un thriller, en tous cas une bande dessinée bien cynique. Du pur noir. Scénario, dessin et couleur de James Albon. Dans cete histoire il n’y a pas d’interdit pour accéder au succès, pour le développer et surtout, le conserver, quitte à suivre des chemins immoraux. Deux frères grâce à un héritage décident de créer un restaurant, l’un s’occupera de cultiver les produits beaux et sains, l’autre, Tulip, cuisinera. Ses recettes aux champignons qui poussent généreusement sur leurs terres sont les clés d'un succès immédiat et phénoménal qui attirent une clientèle de plus en plus huppée et les faveurs des critiques gastronomiques. Tulip est ambitieux, il dépense, joue le luxe. Mais les demandes deviennent si incessantes qu’à un moment la récolte de champignons ne suit plus. Il va falloir assurer pour produire plus. C’est ici que l’immoralité se niche. La culture et la cuisine qui a tant unit les deux frères va les désunir. L’un est grisé par le succès qui le modifie en profondeur, l’autre est resté le même, fidèle à ses valeurs simples et vraies. Le dessin acide, expressionniste, contorsionné comme un Garouste, renforce le malaise grandissant. Et n'oublions pas la mère possessive qui joue ici un rôle intense. Une bande dessinée chaudement recommandée tant pour l’originalité et la férocité de l’histoire que pour sa mise en œuvre graphique. Entre gastronomie et écologie. Traduction Basile Béguerie. Très belle édition. Gardes jaunes. Relié. Format : 18 x 22 cm. 320 p. 27€. Paule Martigny