Une éducation orientale / Casterman
Charles Berberian né à Bagdad d'un père arménien et d'une mère grecque nous invite à partager son retour aux origines dans ce livre, le plus intime et universel de toute son œuvre. Un plaidoyer humaniste en faveur du dialogue entre les cultures, mis en images avec chaleur et générosité.
Un petit peu avant le 15 mars 2020 Charles Berberian prend une photo qui doit lui servir à illustrer un texte d'Arnaud Cathrine : Mon père est un super héros.
Mais patatra c'est le début du confinement. Le bouleversement de tout et de tous. Les rues sont vides et silencieuses. Dans les appartements c'est l'inverse. Charles Berberian n'en souffre pas trop, son imagination vagabonde. Il dessine. Il se remémore la première fois où il a ressenti à quel point dessiner était un refuge. C'était son premier confinement. Toute la famille était réfugiée dans un couloir à Beyrouth au début de la guerre civile. D'un confinement à l'autre, celui de 2020 a une particularité, plus on se dévoile sur les réseaux, plus on avance masqué dans la rue. La situation amène Charles Berberian à opérer le flash-back de sa vie depuis la fuite de Beyrouth (où il a vécu six ans à un moment clé de l'adolescence), en octobre 1975 à l'âge de 16 ans, à son retour une première fois en 2005, une deuxième en 2008, puis plusieurs autres jusqu'en 2018. A chaque fois il remplit des pages de carnets.
Dans cette bande dessinée il opère des aller-retours jouant avec les imbrications de sa mémoire. En 2017 son frère aîné Alain, artiste comme lui, est mort. Désormais unique détenteur de la mémoire familiale, le confinement « l'invite » dans ce curieux temps de pose à une déambulation, émouvante, drôle, pertinente et unique.
Lecture chaleureusement conseillée. Broché. Format : 18,6 x 25,9 cm. 160 p. 25€.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com