Une révolution nommée Raspoutine / Glénat
Au musée de l’érotisme de Saint-Pétersbourg, automne 2016. Trois jeunes femmes pouffent de rire devant différents objets et stoppent net devant une chose incroyable. Dans un bocal de formol flotte un énorme phallus. Le conservateur du musée, le Dr Igor Kryazkin, leur indique que cette relique est l’une des plus précieuses et qu’elle mérite le respect : il s’agit du phallus de Raspoutine. Ce nom n’évoque rien aux jeunes femmes. Pourtant l’une d’elles s’appelle Tatiana, le même prénom que la plus belle fille du tsar et la préférée du "moine fou" à qui on attribue des pouvoirs surnaturels et accessoirement un sexe de 32 cm. Alors que la Russie va prochainement célébrer le centenaire de sa mort, la population a déjà oublié l’homme le plus aimé et le plus haï des années prérévolutionnaires. Le scénariste Hernàn Migoya opère un retour en arrière. En 1916, au cours de l’hiver, dans une Russie en guerre, ainsi qu'une époque charnière de tumultes, entre misère, antisémitisme, et pouvoir chancelant du Tsar Nicolas II, prémisses de la révolution de 1917. A cette époque, un homme étend de plus en plus son influence sur la famille royale : l'énigmatique Raspoutine. Homme de confiance de la tsarine Alexandra, ce mystique et guérisseur, mystérieux et débauché, sulfureux au regard hypnotique, s'est fait une réputation avec ses prétendus miracles et ses penchants dépravés, et continue d'accueillir et de soigner les plus démunis dans sa résidence de Saint-Pétersbourg. Le scénariste Hernàn Migoya a choisi une vision romancée de cet épisode, incluant la rencontre de Raspoutine et de la jeune Alissa Zinovievna (philosophe plus connue sous le nom d’Ayn Rand). Dans un découpage énergique, le dessin très expressif de Manolo Carot est rehaussé de couleurs directes bien nuancées. Une bande dessinée recommandée. Traduction de l’espagnol par Satya Daniel. Couverture cartonnée. Format : 24 x 32 cm. 62 p. 15,50€. Paule Martigny – Mémoire des Arts