Et nous sommes revenus seuls / Plon
Lili Keller-Rosenberg fut déportée à l’âge de onze ans à Ravensbrück puis à Bergen-Belsen avec ses deux petits frères et leur mère. Ils sont miraculeusement revenus, presque moribonds, mais seuls. La photographie de couverture les représente en 1946. Un livre à mettre entre toutes les mains, surtout celles des plus jeunes. C’est avec ses yeux d'enfant que Lili revit chaque jour les longs mois de survie au cœur de la barbarie nazie. Ils ne savaient même pas ce que voulait dire être juif. La famille fut raflée à Roubaix dans la nuit du 27 octobre 1943. Quand les enfants sont revenus, ils ne pouvaient parler à personne de cet enfer, des souffrances quotidiennes qu’ils avaient subies pendant près de deux ans dans une inhumanité indigne et impardonnable. « Nous étions traumatisés et nous nous taisions. Et si, par hasard, nous nous risquions à évoquer ce passé si cruel, on ne nous croyait pas. De n'être pas crus nous vexait terriblement et, pendant longtemps, nous nous sommes tus. Puis j'ai beaucoup réfléchi : afin que la vie ait un sens après ce passé ignominieux, il me fallait témoigner pour révéler à tous, au monde, cette tragédie à nulle autre pareille. " Plus jamais ça ", ont dit tous les déportés au retour des camps, et pourtant...» Il est bien compréhensible que les déportés n’aient pas pu parler. Quelques-uns comme Lili ont décidé de le faire. C’est lorsqu’elle a lu que les chambres à gaz ne servaient qu’à enlever les poux qu’elle s’est décidée. Dans les écoles, jusqu’à son dernier souffle, dit-elle, inlassablement sans compter son temps et sa fatigue, Lili Leignel née Keller-Rosenberg, 89 ans, vit à Lille. Elle consacre sa vie à témoigner auprès de collégiens et de lycéens dans toute la France. Un collège porte son nom à Halluin (Nord). Depuis quarante ans, elle a témoigné devant deux cent mille jeunes. Il a fallu du temps pour que la parole se libère. Depuis, des documentaires, des films, des livres ont traité de cette tragédie. Enfant, mes parents m’ont fait lire la série des Christian Bernadac qui m’a marquée à jamais. Adolescente, ils m’ont emmenée avec eux lors d’un voyage de réconciliation des anciens prisonniers de guerre du Stalag VII-A à Moosburg, dont mon père faisait partie. J’ai visité ce qu’il restait du camp de Dachau, et là, j’ai vu d’anciennes déportées revenues pour la première fois s’évanouir. J’ai visité l’espace mémoriel. Depuis, je n’ai jamais cessé de lire tout ce que je trouvais sur la Shoah et les camps de concentration. Il n’y en aura jamais trop pour décrire cette horreur. Ce que les nazis furent capables de concevoir sans une once de compassion dans ces usines à tuer. Merci aux éditions Plon d’avoir publié cette histoire. Récit écrit avec la participation de Virginie Carton. Toutes es photographies appartiennent à Lili Keller-Rosenberg. Format. :12 x 18 cm. 144 p. 15€. Paule Martigny