Fernand Pouillon le Téméraire éclectique / Actes Sud
Pierre Frey, historien de l'art, précise dans la préface que pour faire connaître l'œuvre de Fernand Pouillon, afin d'illustrer son propos, il s'est appuyé sur les dessins de l'architecte-voyageur Bernard Gachet qui démontre que "dessiner s'est voir et voir c'est savoir", se référant à la citation de Viollet-le-Duc. Les dessins de Mohamed Larbi Merhoum (architecte à Alger) et les planches synoptiques établies par l'architecte Louiza Issad (architecte-urbaniste à Alger) "nous permettent de faire se rencontrer les plans d'ensemble, les échelles et les perspectives les plus diverses pour faciliter la compréhension des objets dans leur site."
L'architecte Fernand Pouillon (1912-1986) a réalisé une œuvre exceptionnelle en France et en Algérie. Les auteurs s'intéressent à ce qui fait l'originalité et la valeur de son travail. Ils réinterrogent ses productions à l'aune des problématiques contemporaines. Les réalisations de Fernand Pouillon scrupuleusement analysées grâce à un long travail de recherche dans les archives et sur le terrain, sont replacées dans le contexte historique où elles s'inscrivent, soit la reconstruction de l'après-guerre et la décolonisation.
L'accent est également mis sur la dimension humaine incontournable du parcours de l'architecte. Si vous désirez en savoir plus sur Fernand Pouillon, nous vous recommandons la lecture de son roman inoubliable Les pierres sauvages, et de ses Mémoires d'un architecte (rééditées par le Seuil en 2019). Dans une chambre où il s'est réfugié à Fiesole, un évadé parle. Il est recherché par toutes les polices du monde. Il s'appelle Fernand Pouillon. Il s'agit de l'évocation de son destin tragique, lui qui connut une réussite enviée, puis fut livré en pâture par la presse à l’opinion publique. Après avoir séjourné en prison (dix-huit mois), s’être évadé, et trouvé refuge dans une chambre en Italie, à Fiesole, il voudra dire sa vérité dans ce livre : ses débuts à Marseille, sa carrière fulgurante, les hommes qu’il affronta (dont Gaston Deferre), ses succès, etc. Fernand Pouillon se définissait ainsi : "Je ne suis ni un escroc, ni un génie, mais un homme ordinaire qui eut à prendre de nombreuses initiatives. C’est ainsi que je me vois. Je ne respecte de moi que mon aspect positif d’homme laborieux, consciencieux et persévérant bâtisseur. Tout le reste est sans importance." Condamné à quatre ans de prison, libéré en 1964 pour raisons de santé, il fut amnistié par Georges Pompidou et fait Chevalier de la Légion d’honneur par François Mitterrand.
Postface d'Abdelkader Damani. Relié. Format : 19,6 x 25,5 cm. 368 p. 42,90€.
Paule Martigny – Mémoire des Arts / blog-des-arts.com