Intensités / L’Atelier contemporain
Les 12 artistes dont Yannick Mercoyrol questionne l’intensité ne représentent pas un panorama, mais plutôt différents horizons de l’art d’aujourd’hui. Il propose une traversée d’esthétiques et de genres très divers : peinture, dessin, sculpture, photographie, installation - les artistes étant eux-mêmes de notoriété et d’âges différents. Yannick Mercoyrol dirige la programmation culturelle de Chambord depuis 12 ans, où il a assuré le commissariat d’une vingtaine d’expositions. Il a notamment publié Parler avec du rouge dans la bouche, face à Rothko (2002, Chatelain-Julien), Géométrie des organes (2009, Grèges) et, récemment, Memento en vert et bleu avec Jean-Gilles Badaire (2022, Le temps qu’il fait). Ce livre rassemble des textes qui furent d’abord, pour beaucoup d’entre eux, publiés dans des catalogues accompagnant des expositions. La plupart ont été remaniés, amendés et développés par rapport à leur présentation initiale. Le premier, que nous choisirons en exemple pour vous éclairer sur le principe, concerne Paul Rebeyrolle, le parti pris du monde : "Le réel chez Rebeyrolle est ainsi constamment en débordement, fracassant les codes de bonne conduite, en un hérissement de la forme qui déplie la surface dans le sens d’un affolement des lignes, refusant la basse tension, pour tordre les figures de la mimesis et de faire les appâts de la semblance, tournant résolument le dos au bon goût". Résultat de plusieurs années d’écriture et de rencontres avec des artistes, montage d’émotions et de réflexions mouvementées, le livre propose un chemin dans l’art contemporain, sous le signe d’intensités comprises comme de puissantes sensations de pensée, dépliées en trois temps : Rages, Silences, Placer/déplacer. Les artistes choisis sont : Lydie Ariks, Bae Bien-U, Guillaume Brière, Philippe Cognée, Alexandre Hollan, Kôichi Kurita, Tatiana Pozzo de Borgo, Georges Rousse, Susumu Shingu, François Weil et Jérôme Zonder. Suivant une voie tangente à la critique académique, la collection "Essais sur l’art" recueille le point de vue d’auteurs qui se sentent partie liée à d’autres formes de langage. "Parce qu’ils s’entendent à restituer dans le corps de la langue une expérience intime des œuvres, les écrivains, eux-mêmes créateurs, sont peut-être les plus à même de tenir un propos sur l’art". Très bien illustré en adéquation avec les textes. En guise d’introduction un texte titré "Éthologie du phasme". Une édition soignée. Un livre recommandé. Reliure integra. Format : 16 x 20 cm. 272 p. 22€. Paule Martigny