Julie Manet et ses cousines / Les Franciscaines - Deauville - Éditions des Falaises

Vendredi, 28 Mars, 2025 - 07:03

La liberté de créer au féminin. Peinture, aquarelle, photographie, musique et écriture.

Après la disparition de Berthe Morisot, dont 2025 marque le 130e anniversaire, sa fille Julie Manet entama une vie commune atypique à l’époque, avec ses cousines, Paule et Jeannie Gobillard. De 1895 à 1900, elles voyagent et peignent ensemble, ce qui leur valut le surnom de "petites Manet" par Auguste Renoir, et "d’escadron volant". Cette proximité se prolongera toute leur vie selon des liens de sang et de cœur.

Julie Manet est l’héritière d’un patrimoine artistique exceptionnel, par son oncle Edouard Manet, sa mère Berthe Morisot, et ses proches comme Auguste Renoir ou Edgar Degas. Ce n’est pas un hasard si cette exposition est présentée aux Franciscaines où est portée une attention particulière aux femmes artistes. Sous la férule de la commissaire de l'exposition, Dominique d’Arnoult, un hommage est rendu à ce trio qui malgré les défis de leur époque et la rigidité des conventions, ont su faire entendre leur voix. Imaginons la révolution que produisit l’impressionnisme en constante évolution, et les attaques indécentes dont il fit l’objet. Ainsi en est-il du nouveau. Il dérange.

Le parcours de l’exposition restitué dans le catalogue se déroule en deux parties chronologiques. De 1895 à 1899, le fil conducteur est le Journal de Julie Manet. Durant cinq années d'une vie de bohème, le trio profite d’une liberté rare pour des jeunes filles de l’époque. La seconde partie, à partir de 1900, explore l’art de vivre et de peindre toute au long de leur existence. Les atmosphères peintes par Paule Gobillard et Julie Manet s’étendent jusqu’en 1939.

Près d’une centaine d’œuvres, issues notamment des collections du musée d’Orsay et du musée Marmottan-Monet, racontent cette aventure inédite : celle d’une histoire féminine et familiale dédiée à la création artistique.

Cette exposition révèle les personnalités uniques de ces trois artistes, la poésie et la sensibilité de leur œuvre. Journaux intimes qui se complètent et se répondent et correspondance, complètent le tracé de leur parcours. Leurs peintures et dessins côtoient celles de Manet, Renoir, Morisot, Pissarro, Vuillard, etc. On découvre la constance artistique de Paule Gobillard, peintre des atmosphères, baptisée "demoiselle Patronne" par Mallarmé, et Jeannie Gobillard qui devint l’épouse de Paul Valéry avec le texte "Des pianos et une plume". En complément, les portraits de leur amie peintre, Jeanne Baudot, et suite à l’apparition récente de la photographie, celui de Marie de Vaissière photographe amateur à qui ont doit nombre de clichés.

Des prêts exceptionnels ont concouru à la richesse de cet événement. Une trame documentaire et photographique inédite, enrichie par des archives familiales et des collections exposées pour la première fois favorise un passage intime et complète notre lecture de l’impressionnisme.

En couverture du catalogue, le portrait de Julie Manet par Paule Gobillard. Relié. Couverture cartonnée. Format : 23 x 27 cm. 128 p. 25€. Les Franciscaines, Deauville, jusqu’au 11 mai 2025.

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com