La France et la Shoah / Editions Calmann-Lévy et Mémorial de la Shoah
Quinze auteurs sous la direction de Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS, auteur de plusieurs ouvrages sur l'extrême-droite et la persécution des juifs sous l'Occupation. Il signe l'introduction et la conclusion. Le postulat du "moindre mal" si souvent invoqué est réduit à néant par le constat après études, des archives française et allemande qui révèle l'étendue de la collaboration d'État et les conséquences fatales de la politique de Laval. De l'été 1942 qui provoqua la déportation de milliers d'enfants, français pour la plupart. Entre 1942 et 1944, hommes, femmes et enfants juifs furent déportés vers les camps d'extermination nazis, seul 5% d'entre eux reviendront. La plupart furent arrêtés par des policiers ou gendarmes français. La nécessité d'une mise au point historique grâce aux acquis les plus récents de la recherche française et internationale sur la Shoah en France est sans appel. Elle constitue l'intérêt et l'ambition de cet ouvrage. "Depuis une trentaine d'années, de nombreux travaux à l'échelle des préfets, policiers, gendarmes, magistrats ou bureaucrates ont mis en lumière les contradictions internes à l'administration de Vichy et montré tout le poids des initiatives individuelles dans la mise en œuvre de l'antisémitisme d'État", écrit Laurent Joly, qui ajoute : "C'est donc une histoire centrée sur l'appareil de perversion, des politiques mises en œuvre, ses responsables et ses exécutants, que privilégie ce volume." L'ouvrage est distribué en trois grandes parties : Les autorités allemandes et les dirigeants de Vichy face à la "solution finale", l'opinion et le sort des juifs, et l'ordinaire de la persécution. Avec les contributions de Roger Ardit, Aurélie Audeval, Isabelle Backouche, Tal Bruttmann, Alexandre Doulut, Sarah Gensburger, Eric Le Bourhis, Daniel Lee, Johanna Lehr, Michael Mayer, Renaud Meltz, Renée Poznanski, Wolfgang Seibel, Jacques Semelin, Bénédicte Vergez-Chaignon. Depuis les premiers travaux scientifiques sur la persécution des Juifs sous l’Occupation, dès les années 1950, fondés sur les archives de l’État, l’historiographie, qui a abouti dans les années 1970-1980 aux travaux majeurs de Robert Paxton ou de Serge Klarsfeld, n’a cessé de se développer, au point qu’il est sans doute impossible de dresser la liste exhaustive des milliers de titres parus. D’où la nécessité d’une présentation des acquis les plus récents de la recherche, française et internationale, sur la Shoah en France. Telle est l’ambition du présent ouvrage, à l’échelle des acteurs, dirigeants comme simples citoyens, qui permet de comprendre le bilan de la "solution finale" en France : 74 150 déportés, plus de 200 000 non-déportés. Une mise au point salutaire alors que le savoir scientifique sur les crimes du XXe siècle est régulièrement attaqué à des fins nationalistes. Broché. Format : 13,5 x 21,5 cm. 568 p. 25€. Paule Martigny