La Grotte Chauvet / Citadelles & Mazenod

Vendredi, 6 Décembre, 2024 - 12:06

L’un des plus beaux joyaux de l’art pariétal connus à ce jour

Sa découverte le 18 décembre 1994, par Éliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hilaire, a bouleversé nombre de connaissances sur l’art pariétal. Cette splendide grotte ornée, préservée dans un extraordinaire état de conservation, est protégée dans son état originel. C’est pour cette raison qu’une réplique nommée Grotte Chauvet 2-Ardèche fut ouverte au public en 2015.

Dans ce livre magnifiquement édité par Citadelles & Mazenod, qui privilégie des reproductions en pleine page, Carole Fritz a choisi de présenter les ensembles ornés les plus remarquables. Elle propose "une vision plus globale des interactions humaines et animales qui se sont déroulées dans ce lieu si particulier". Après 25 ans passés dans cet environnement unique, elle a fait une synthèse sur les recherches menées par une équipe de trente personnes et par ses prédécesseurs, Jean-Michel Geneste, et Jean Clottes qui initia en 1998 les recherches dans la cavité. L’inscription de la grotte Chauvet-Pont-d’Arc sur Liste du patrimoine mondial de l’Unesco en 2014 est le gage de son caractère exceptionnel.

Qu‘est-ce que l’art de la préhistoire ? C’est le premier art de l’humanité. La reconnaissance de son existence date de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Elle est donc relativement récente. Cet art pariétal désigne les expressions humaines du passé, avant l’invention de l’écriture. Son interprétation varie entre le simple plaisir de créer pour représenter la nature environnante, et un sens sacré lié à des pratiques magiques, telles que le totémisme et le chamanisme. Ces dessins dégagent une profonde charge émotionnelle tant ils sont réalistes, vivants, dans une synthèse étonnante entre le trait et la dextérité à signifier ombre et lumière

Carole Fritz raconte comment a commencé cette formidable exploration. Elle nous permet de pénétrer au cœur de la grotte Chauvet, salle après salle, révélant la nature géologique, les présences animales, les techniques de dessin, les matériaux utilisés, le bestiaire représenté, indication précieuse sur la faune de l’époque.

Quelques pages finales ont attiré notre attention. Il s’agit d’une autre vision avec le monde animal : "des acteurs égaux dans un réseau de vie interconnecté les animaux n’étant pas perçus comme de simples ressources". On peut établir un parallèle avec les rapports qui lient les Amérindiens au loup, à l’ours, à l’aigle, etc. Un legs ancestral.

Carole Fritz est directrice de recherche au CNRS. Elle a fondé le Centre de recherche et d’étude pour l’art préhistorique Émile-Cartailhac de la Maison des sciences de l’homme à Toulouse. Depuis 2018, elle dirige l’équipe de recherche de la grotte Chauvet.

Ouvrage relié. Couverture cartonnée. 180 illustrations. Format : 25 x 27,3 cm. 208 p. 35€.

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com