La Maison japonaise depuis 1945 / Éditions Parenthèses
Texte de Naomi Pollock, architecte et spécialiste américaine de l'architecture et du design japonais, publiée dans de nombreuses revues. Parmi ses ouvrages : Made in Japan : 100 New Products, Jutaku : Japanese Houses, Sou Fujimoto, Le design japonais depuis 1945 : un panorama complet… En récompense de ses contibutions comme journaliste et critique , elle a été nommée membre du College of Fellows de l'American Institute of Architects en 2018. Préface de l'architecte Tadao Ando qui écrit « La maison est la construction la plus intime et le plus révélatrice de la vie des humains. »
Soumis après-guerre à de strictes contraintes légales et spatiales, les architectes nippons n'ont pas eu d'autre choix, que d'explorer et d'expérimenter des solutions extrêmes. Le résultat est cette architecture unique, déroutante et inspirante signée de nombreux architectes comme Tadao Ando, Kenzo Tange, Shigeru Ban ou Kengo Kuma, dont l'audace moderne, si ce n'est futuriste, est portée par une culture millénaire.
Dans cette galerie d'une centaine de portraits d'habitations, il n'est toutefois pas seulement question d'architecture. De maison Ciel en maison Escalier, de Hutte d'argent en maison Pluie/Soleil, se donnent également à lire quatre-vingts ans de l'histoire d'un pays qui, tant de fois, fut mis au défi de se reconstruire.
Comment devait-on vivre dans le Japon d'après-guerre ? Et dans quel genre de construction alors que le Japon connaissait une pénurie de logements ? Comment inventer l'architecture d'un monde démocratique entre propositions modernistes et esthétique japonaise traditionnelle ? C'est avec ces contraintes que sont nées des formes expérimentales, une utilisation inhabituelle des matériaux, et des conditions anticonformistes de leur implantation.
Cette édition exceptionnelle autant par sa qualité éditoriale que par la richesse de son contenu, débute avec les années quarante : renaître des cendres – Le Japon vaincu après la Seconde Guerre mondiale. Dans les années trente et quarante l'architecture japonaise s'occidentalise. Les concepts bougent avec les rencontres de Charlotte Perriand, Le Corbusier, Bruno Taut, etc. Nombre de maisons d'architectes deviennent de vrais vecteurs pour les clients. Les contraintes spatiales dopent l'imagination. Ainsi naît le concept du « logement minimum ». Suivent les années cinquante : restructuration et redressement, les années soixante : le miracle économique, les années soixante-dix : expositions et exportations, les années quatre-vingt : le temps de la prospérité, les années quatre-vingt-dix : la désillusion, les années 2000 : ascension sociale, années 2010 : l'avènement du cool Japan, et années 2020 : panique pandémique.
Chacune des maisons présentées est représentative de son époque – entre 10 et 15 par chapitre, soit une centaine de portraits d'habitation – décrite à travers un texte enrichi d'entretiens avec l'architecte, son équipe, sa famille, des critiques d'architecture, etc. Un focus conclut chaque chapitre : le site, le toit, sols et plafonds, les murs et les portes, la fenêtre, escaliers et couloirs, cuisine et salle de bain, cours et jardins, mobilier et finitions.
Chaque période connaît une adaptation. On a toujours l'impression que quelque soit le contexte euphorique ou critique, les choses se font dans le calme, la réflexion et l'inventivité. Une solution est toujours trouvée. « L'enchaînement créatif amorcé dans le monde architectural du Japon d'après-guerre n'a jamais été rompu – ce livre en témoigne. » Quant à l'avenir ? Incertitude.
Cet ouvrage formidable fait la part belle aux maisons d'architecte en ville parce que la population s'y concentre et que les conditions extrêmes imposent des réponses innovantes. En annexes : notes, lectures complémentaires, biographies, et index.
Collection Architectures. 544 illustrations. Relié. Couverture cartonnée. Format : 23 x 28 cm. 400 p. 65€.
Paule Martigny – Mémoire des Arts / blog-des-arts.com