La Promesse de l’art / Éditions du Canoé
Grande figure de l’art moderne et contemporain, célèbre galeriste, expert de renommée internationale, collectionneur exigeant, mais aussi écrivain et dramaturge, Patrice Trigano nous invite à une passionnante traversée de plus d’un demi-siècle aux côtés des artistes, collectionneurs, galeristes, historiens de l’art, conservateurs de musée…
Dans sa préface Olivier Kaeppelin exprime son admiration et son affection. Il cite fort à propos Robert Filliou : "L’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art". En effet, qu’est-ce que la vie ? Il n’est pas de sagesse sans folie. Vivre avec passion c’est connaître plusieurs vies. Ce feu, il brûle depuis longtemps dans le cœur de Patrice Trigano. Son engagement en est la preuve et son envie de le partager par l’écriture le confirme. Je me souviens de lui, arpentant les allées de la Fiac ou de tout autre salon d’art contemporain. Toujours bienveillant, simple d’abord, et l’œil en éveil, en état de curiosité permanent. Je me souviens aussi de ses échanges avec mon mari, le critique d’art Alain Vollerin.
Patrice Trigano a depuis sa jeunesse le courage et l’envie de défendre des œuvres, des artistes, faisant fi des polémiques inévitables à l’intérieur du microcosme comme en dehors.
Autre qualité. Il n’est pas amnésique et cite les rencontres, les conversations, les soutiens. Si certains ont parfois la mémoire courte, lui au contraire rend grâce à ceux qui l’ont encouragé. Il évoque son ami Pierre Restany "inspirateur et "parrain" de son désir de galerie" qui fut "un formidable homme de culture provocateur du principe de curiosité et du "hors limites". Et encore le critique d’art Pierre Cabanne, autre esprit ardent.
L’amour de l’art avant tout. La Promesse de l’art, rassemble les mémoires d’un homme de l’art qui respecte la liberté de l’artiste, ses audaces, ses errements, ses tâtonnements et ses doutes qui sont souvent des paliers nécessaires à toute création. Ce sont les mémoires d’un galeriste attentif et respectueux, qui n’influence pas dans l’objectif du profit. A l’image d’un Kahnweiler ou d’un Claude Bernard, capables de financer des artistes parce qu’ils y croient, même lorsqu’ils sont difficiles à vendre.
Olivier Kaeppelin écrit que « l’art nous permet de penser le monde ». Et Patrice Trigano cite Marcel Duchamp : "Il y a le pôle de celui qui fait une œuvre et le pôle de celui qui la regarde. Je donne à celui qui la regarde autant d’importance qu’à celui qui la fait. " L’œuvre appartient à celui qui la regarde. Elle nourrit. C’est une ouverture. Raison pour laquelle Patrice Trigano titre son premier texte "Assoiffé d’art". Très malade pendant son enfance. Sa guérison précipita son envie de vivre.
"Et cette "nécessité universelle du merveilleux" dont m’avait parlé Magritte devint mon credo. Dès lors, probablement par peur d’être rattrapé par la maladie, et par crainte de la mort, je n’ai cessé de vivre dans l’urgence, en compagnie de l’art".
Dans ce livre, où il évoque la richesse des rencontres et d’un chemin de vie. Il est question de Michaux, Chu Teh-Chun, Giacometti, Warhol, Richier, Derain, César, Mathieu, Hiquily, Masson, Hélion, Magritte, Matisse, Wols, Hartung, etc.
Achetez ce livre. Si vous ne connaissez pas le monde de l’art, la lecture de ces portraits et de ces connivences vous donneront envie de découvrir les œuvres de ces artistes et de comprendre la mission d’un véritable galeriste. Ceux qui sont des aficionados liront ces pages avec gourmandise et seront parfois émus.
Broché. Format : 13 x 21 cm. 428 p. 2 cahiers de photographies. 24€
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com