Le plancher de Jeannot / Musée d’Art et d’Histoire de l’hôpital Sainte-Anne – In Fine éditions d’art
Il s’agit d’un morceau de plancher de 15m2, gravé de 80 lignes de lettres capitales et poinçonnées réalisé en 1971. C’est une œuvre captivante réalisée par Jean Crampilh-Broucaret (1939-1972), dit Jeannot le Béarnais. Révélée en 1994 et récemment restaurée, cette pièce unique dévoile une intensité émotionnelle remarquable, celle d’un jeune paysan dans les affres de l’après-guerre d’Algérie. Différents traumatismes expliquent les multiples décryptages de cet énigmatique et bouleversant plancher gravé : la violence familiale et rurale, le lien complexe à la mère, la tentative d’échapper à la ferme, le trauma de la guerre.
L'exposition présente non seulement l'œuvre, mais aussi une analyse détaillée de son contexte familial et régional, ainsi qu'une étude exhaustive des interprétations et restaurations qui ont marqué son histoire. Ce plancher est découvert en 1993 par un psychiatre à la retraite qui l’acquiert. Il est considéré comme un exemple de psychose brute. Jean Crampilh-Broucaret le réalise en 1971, après la mort de sa mère qu’il enterre sous l’escalier de la maison familiale. A ce moment-là, il arrête de s’alimenter et commence à graver le plancher de sa chambre.
Le Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte‑Anne (MAHHSA) est heureux de pouvoir présenter cette œuvre unique. Cette exposition est l’aboutissement de quatre années de travail qui ont été également le temps de recherches dans plusieurs domaines ayant des liens avec cet écrit et les modalités de son existence : inscription à l’inventaire du musée, dépose de l’objet gravé, analyse complète de son état de conservation et long processus de restauration. Ces travaux ont abouti à l’édition de ce livre, qui a l’ambition d’élargir les perspectives de la lecture de cette œuvre.
Comme à l’époque de sa première exposition en 1998 à Bordeaux, le plancher est présenté à plat tel qu’il fut. Alors que les expositions ultérieures l’avaient proposé comme un parchemin, le musée de l’Hôpital Sainte-Anne lui restitue son authenticité et sa place. Redonner un nom à son auteur, Jean Crampilh-Broucaret et proposer une lecture épigraphique du texte qu'il porte sont les principaux objectifs du MAHHSA. Cette exposition est respectueuse de sa place initiale et souhaite mettre en avant son témoignage artistique.
Sous la direction de Anne-Marie Dubois. Broché à très larges rabats. Format : 19 x 26,7 cm. 152 p. 25€. Musée d’Art et d’Histoire de l’Hôpital Sainte-Anne, 1 rue Cabanis, 75014 Paris. Jusqu’au 27 avril 2025
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com