Les Rolling Stones / L'Imprévu
Cet ouvrage rassemble la sélection de plus de 300 clichés issus de la collection de milliers de photographies prises par le photographe danois Bent Rej, entre le printemps 1965 et le début de l'été 1966, seul photographe à avoir cotoyé lrd Stones d'aussi près, témoin privilégié de leurs vies.
Avant-propos et commentaires de Bill Wyman qui se souvient qu'ils formaient vraiment une bande. Il considère que ces photographies constitue un "véritable trésor". C'était Brian, "premier martyr" du rock n'roll, qui avait formé et baptisé le groupe, à une période où la drogue n'avait pas encore envahi leurs vies. Bill Wyman écrit en 2006 : "Bert était là alors que nous étions en pleine transition", et encore : "Cette rétrospective de nos débuts me sera précieuse. Puisse-t-elle, ces prochaines années, permettre à mes filles, qui sont encore très jeunes, de se faire une idée de la vie de leur père en tant que Rolling Stone dans les années soixante. Rien ne saurait mieux le leur apprendre que cet ouvrage." Comprenez par là que ce livre est intergénérationnel. Une « madeleine » pour les papys et les mamies et une découverte pour les jeunes.
Préface de l'incontournable Philippe Manœuvre (2006 également), ce qui est tout à fait compréhensible. Avec la verve qui lui est personnelle il dit : "A feuilleter le livre de Bent Rej, on a réellement la sensation d'être embarqué sur un roller coaster fonçant vers l'inconnu dans une gerbe d'étincelles." Qu'est-ce qu'on apprend par l'œil du photographe ? Il a suivi les Stones en coulisses, sur scène, sur les routes, dans leur intimité et même quand ils font les idiots dans leur loge. Bent Rej a rapidement perçu la nature modeste et contemplative de Charlie Watts, le caractère énigmatique et lunatique de Brian Jones, rêveur impénitent. C'est lui qui lui a présenté le mannequin Anita Pallenberg, qui deviendra par la suite la compagne de Keith Richards. Il a établi des liens privilégiés avec Brian et Charlie, les deux plaisantins et farceurs du groupe. "Des cinq Stones, Brian est celui avec lequel on se lie le plus facilement, mais c'est celui qu'on cerne le moins vite."
Bent Rej a capté l''ambition de Mick Jagger et la passion de Keith Richards pour la musique. Keith n'était alors pas encore obsédé par son image. Quant au bassiste Bill Wyman né en 1936, le doyen des Stones, c'est le plus tranquille, bien que doté d'un humour acide so british. Ils sont tous alors plus malicieux que pop stars. Sans oublier le malin Andrew Loog Oldham, plus jeune que les membres du groupe dont il gère les intérêts. "Il est probable que, sans le génie et le flair d'Andrew, les Stones auraient évolué très différemment." Lisez les légendes des photos, c'est un régal.
L'ensemble est complété de mini bios, sortes de plans rapprochés de chaque artiste photographié dans son appartement. L'album aborde le contexte des années 1960, le public, la presse, les concerts et leurs dégâts. Comme la tournée mémorable de Munich à Berlin où la police perdit tout contrôle. Bilan de l'après-Berlin : 90% des sièges, 50% de l'éclairage, 60% des barrières détruits, 15 wagons de trains vandalisés après la représentation.
Bent Rej est né au Danemark en 1940. Il devint rapidement photographe free-lance au début des années 1960. Il gagna la confiance des Rolling Stones intégrant leur cercle très fermé. The Rolling Stones In the Beginning fut principalement son œuvre pour laquelle il rédigea les textes, choisit les photos et conçut la maquette. Lorsqu'il a été question d'une nouvelle édition en 2020, les filles de Bent ont exploré ses archives pour assembler un portfolio ajouté ici, précise Andrew Heritage auteur de l'introduction à la nouvelle édition.
Lorsque Brent Rej cesse de photographier régulièrement les Stones, ils ont déjà fait leur révolution sexuelle, n'ignorent plus rien des drogues dures et commencent à se tourner résolument vers le rock'n'roll. Un changement s'est donc produit en eux en à peine un an. A partir des années 1970, les Stones, et surtout Mick Jagger, soignent particulièrement leurs tenues de scène. L'ironie c'est que c'était Brian Jones qui avait lancé cette tendance, toujours très attentif à son look.
Avec un index. Edition originale Londres 2006. Présente édition traduction française Hanna Agostini et Valérie Feugeas. Relié. Format : 28,7 x 23,7 cm. 336 p. 34,95€.
Paule Martigny – Mémoire des Arts – blog-des-arts.com