Miró Un brasier de signes / Musée de Grenoble – In Fine
Cet ensemble de cent trente œuvres du catalan Joan Miró (1893-1983) réalisées entre 1922 et 1978 est issue principalement des collections du Centre Pompidou. Il est complété par les œuvres du musée de Grenoble et de la Fondation Miró de Barcelone.
Le remarquable catalogue rend compte de la dimension spirituelle, du besoin de recourir aux mythes et de l'engagement politique de Miró. Le musée de Grenoble poursuit sa relecture du parcours des génies du XXe siècle, après Georgia O’Keeffe, Pierre Bonnard, Pablo Picasso ou Vassily Kandinsky.
Ancrée dans la terre catalane de son enfance, l’œuvre de Miró voit le jour dans les années 1910 avec les peintures dites "détaillistes" de Montroig, scènes réalistes et paysannes qui retiennent la leçon de l’art naïf et du cubisme naissant. Puis, au milieu des années 1920, ses "peintures de rêve" dont la magie poétique séduit les surréalistes tels que Robert Desnos et Michel Leiris, lui apportent la reconnaissance artistique. Posant un regard tantôt émerveillé, tantôt plus sombre sur le monde qui l’entoure, le peintre donne progressivement corps à ce que son biographe, le poète Jacques Dupin, a élégamment qualifié de "Mirómonde" mais aussi de "brasier de signes", titre de l'exposition.
C’est à travers ce langage tant stellair que volcanique que s’élabore sa mythologie complexe où l’azur côtoie les ténèbres, où à l’esprit d’enfance se mêlent ses démons intérieurs. À partir de 1954, l’installation à Palma de Majorque constitue un nouveau tournant dans son œuvre. Durant cette période de créativité intense, sa peinture se métamorphose, devient de plus en plus gestuelle, directe et n’est pas sans évoquer les "peintures sauvages" nées dans les années 1930, dans le contexte de la montée du nazisme.
Ses envolées cosmiques, entre poésie et stupéfaction, ses ponctuations qu'on peutn interpréter comme des silences motifs à réflexion, ou des signes rageurs, nous touchent immédiatement. Le "méditant bouddhiste" ou "le boxeur enragé" selon les termes de Michel Leiris en 1929, chacun d’eux d’une vitalité et d’une gestuelle inédites, nous interpellent et nous séduisent par leur créativité d’une grande puissance esthétique.
L’exposition retrace la carrière de Miró tout en offrant un regard perspicace sur son œuvre intense Le "dernier Miró" ultime période de son œuvre des années 1960-1970, une période d’exil intérieur et d’expérimentation intense, a retenu une attention particulière des commissaires. En effet ces années sont d’une extraordinaire fécondité.
Sous le commissariat et la direction de Sophie Bernard , conservatrice en chef, chargée des collections d’art moderne et contemporain au musée de Grenoble et Aurélie Verdier, conservatrice en chef au musée National d’art moderne Centre Pompidou, Paris.
Illustré par plus de cent trente œuvres, l’ouvrage Miró. Un brasier de signes offre un panorama de l’œuvre de Joan Miró dans les collections du Musée national d’art moderne - Centre Pompidou complété par celles du musée de Grenoble et de la Fondation Miró à Barcelone. Cet événement est en avant-première du programme Centre Pompidou | Constellation construit en partenariat avec les plus grandes institutions culturelles à Paris, en France et à l’international et qui fera rayonner le Centre Pompidou durant ses travaux de rénovation. Avec une chronologie établie par Sophie Bernard. Une œuvre tout en expérimentations, à lire et à relire.
Musée de Grenoble, jusqu’au 21 juillet 2024. Relié. Couverture cartonnée. Format : 28,8 x 22,8 cm. 320 p. 35€
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com