Pasolini en clair-obscur / Nouveau Musée national Monaco / Flammarion
Cette publication autour de l’exposition est consacrée à la double question de l'influence de l'art classique et contemporain sur l'esthétique pasolinienne et la manière dont, en retour, celle-ci inspire les artistes d'aujourd'hui.
"Je suis une force du Passé. Tout mon amour va à la tradition. Je viens des ruines, des églises, des retables d'autel, des villages oubliés des Apennins et des Préalpes où mes frères ont vécu." Propos paradoxaux pour un artiste considéré comme révolutionnaire, comme précurseur. Car comme le précise Guillaume de Sardes : "Pasolini a été un expérimentateur, un créateur de formes nouvelles…". Cinquante ans après son assassinat il est toujours admiré, cité, commenté.
Deux auteurs signent cet ouvrage sur Pasolini, poète, romancier, cinéaste, polémiste présenté à la Villa Sauber - Nouveau musée national de Monaco. Guillaume de Sardes, également commissaire de l'exposition, avec un texte érudit, très documenté et largement illustré sur l'œuvre cinématographique, prolongé par celui de Bartolomeo Pietromarchi qui poursuit la réflexion en montrant à quel point le mythe autour de l'écrivain-cinéaste a inspiré les artistes contemporains.
La première partie de l'exposition est consacrée aux influences que Pasolini a reçues. La seconde partie montre comment à son tour il a inspiré les générations suivantes. Guillaume de Sardes a choisi la trentaine d'artistes présentés à cette occasion. "De la même manière que Pasolini s'est inspiré des peintres classiques pour composer les plans de ses films, avant que ces derniers ne servent de point de départ à de nouvelles œuvres…", écrit Bjorn Dahlström, directeur du Nouveau Musée National de Monaco.
Pasolini n'était pas un homme de l'entre-soi, sa vie libre et dissidente puis son assassinat en sont la preuve. A trente-huit ans il s'éloigna de la première partie de sa vie consacrée aux lettres, à la poésie, pour enchaîner la réalisation de treize films depuis Accatone en 1961 jusqu'à Salo ou les 120 journées de Sodome en 1975 et Porno-Teo-Kolossal inachevé, plus ceux pour lequel il a été scénariste, les documentaires, les films à sketch et ses prestations d'acteur.
Cet beau livre débute par Un cinéaste à l'école de Roberto Longhi : les années d'apprentissage et à Rome, dans l'ombre du Caravage avec lequel il a de nombreux points communs, films sacrés et peinture religieuse, un dialogue avec les classiques, l'extrême contemporain en lien avec Francis Bacon, l'amitié avec Fabio Mauri, Pasolini au château de Silling, et la postérité pour finir par l'art autour de son corps et de sa mort.
Guillaume de Sardes est écrivain-photographe et commissaire d'exposition. Il est l'auteur d'une quinzaine de livres et en tant qu'essayiste il s'intéresse aux artistes radicaux tels que Nijinski, Genet ou Fassbinder. Il est chargé du développement du Nouveau Musée national de Monaco.
Bartolomeo Pietromarchi est critique d'art contemporain, commissaire d'exposition et directeur artistique. Il a été à la tête de plusieurs musées et fondations et commissaire du pavillon italien à la Biennale de Venise et de nombreuses expositions monographiques d'artistes italiens et internationaux.
Broché avec très larges rabats. Format : 17,9 x 24,2 cm. 224 p. 39€. Villa Sauber - Nouveau musée national de Monaco, jusqu'au 29 septembre 2024
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com