Susan Meiselas / Photo Poche - Actes Sud

Jeudi, 6 Février, 2025 - 09:06

La réinvention du rôle de témoin du photographe

La photojournaliste américaine Susan Meiselas est née à Baltimore en 1948. Elle est membre de l’agence Magnum depuis 1976. Sa première série sur les strip-teaseuses en Nouvelle Angleterre est un reportage qui prendra le nom de Prince Street Girls. Au Nicaragua, alors qu’elle ne parle pas un mot d’espagnol, elle est aux côtés des Sandinistes. Bientôt connue pour ses reportages sur la révolution en Amérique Latine, cette femme courageuse s’engage à livrer des images vérité sur les questions relatives aux droits de l’homme. Le livre Nicaragua paraît en 1981. Plus tard elle renoue avec son intérêt pour les strip-teaseuses dans un club, cette fois-ci en couleur. En 1997, c’est le peuple kurde qui retient son attention. Une grande rétrospective lui fut consacrée en 2018 au Jeu de Paume à Paris et en 2019 elle fut la première lauréate du Prix Women In Motion pour la photographie, décerné par les Rencontres d’Arles. Voici un raccourci succinct de son parcours destiné à ceux qui ne la connaissent pas.

Quand on découvre ses photos, que voit-on au premier regard ? Ce qu’elle écrit elle-même nous guide : "L’appareil photo est un prétexte pour venir me placer là où je ne suis pas censée être. Il est à la fois un point de contact et un obstacle." C’est la raison pour laquelle la photographie de couverture a été choisie. Il s’agit d’un autoportrait à l’âge de vingt-deux ans. Est-il en porte-à-faux avec son œuvre de photojournaliste? Non, car l’acte de photographier est équivoque. Être témoin, voir au cœur de l’obscurité, mais voir quoi ? On peut tout faire dire à une image. Susan Meiselas qui témoigne par l’image pour les invisibles, "remet en question les notions de vérité et interroge les codes du photojournalisme." Sa démarche s’inscrit dans le respect de l’humain dans la souffrance et l’épreuve. Introduction de Marta Gili, critique d’art, commissaire d’expositions, directrice de l’École nationale supérieure de la photographie à Arles, à lire avec attention.

Textes de Susan Meiselas traduits par Émilie Fernandez. Broché avec rabats. Format : 12,5 x 19 cm. 144 p. 14,50€

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com