Une histoire du cinéma français 1980-1989 / Éditions Lettmotif

Lundi, 7 Avril, 2025 - 14:05

6e volume paru de la collection, Une histoire du cinéma français

Il s’agit d’une collection qui débute en 1930, soit cinq volumes parus. A paraître le tome 7, 1990-1999, avec Emmanuelle Béart en couverture. Avec la collaboration de Daniel Patte sur une idée de Philippe Pallin. Les auteurs : Denis Zorgniotti, tour à tour critique musique et cinéma, auteur pour la télévision et producteur radio, enseigne désormais l’Histoire du cinéma dans différentes écoles de cinéma. Ulysse Lledo, critique de cinéma, diplômé en études cinématographiques et enseignant.

Chaque ouvrage couvre une décennie et met en avant les films importants, les cinéastes majeurs, les acteurs populaires et des dossiers thématiques. Analyses et mise en perspective des œuvres et des artistes sont placés dans leur contexte historique, sociétal et technique.

L’introduction pertinente de Denis Zorgniotti, Une décennie en trompe-l’œil, offre un parfait éclairage sur toute une époque et sa production filmique. Avec le recul, la décennie semble irrémédiablement liée à une nouvelle esthétique, influencée en partie par la publicité, dont Luc Besson et Jean-Jacques Beineix vont devenir les étendards. Mais la période est évidemment plus complexe. Ce volume débute par les "années fric" sous l’aura Tapie. Une mythologie de la réussite, contre balancée dès 1983 par le retour de la rigueur. Le chômage augmente, la pauvreté s’accroît, le terrorisme apparaît, l’insouciance disparaît. (Sans toit, ni loi, Hiver 54, l’abbé Pierre, L’Union sacrée…)

Derrière la sophistication de l’image de "l’esthétique pub", terme péjoratif dû au journal Libération, les personnages dans un désir de fuir leur mal être se créent un univers propre ou se replient sur eux-mêmes (37°2 le matin, Le Grand Bleu…)

Paradoxalement dans une époque qui porte les traits du matérialisme fleurissent des films sur la religion avec ferveur ou cynisme (Sous le soleil de Satan, Malevil, Thérèse, Le Miraculé…)

Quant à l’idéologie des années 70, elle est bien loin, l’époque est dépolitisée. La reconversion dans le développement personnel et le retour à la nature inspirent. En revanche les films sur l’immigration et le métissage font leur apparition et les cinéastes issus de l’immigration émergent.

Dans cette décennie des années 80, la fréquentation en salles baisse à l’avantage de la télévision et de l’arrivée de la vidéo. Pour compenser cette crise le financement du cinéma va évoluer. Le cinéma résiste en consolidant ses points forts : les films à costumes (Danton, Chouans, ) et remonte le temps (L’Honneur d’un capitaine, les années sandwiches, Le dernier métro, La vie et rien d’autre, La guerre du feu, Un dimanche à la campagne, Camille Claudel, etc), et comme toujours, l’adaptation de classiques de la littérature, ainsi que des contemporains (Molière, Hugo, Simenon, Pagnol, Manchette, Goodis).

En conclusion, une permanence est établie sur la décennie. Le cinéma français résiste et privilégie ses deux genres favoris : le film policier et la comédie. Le cinéma d’auteur perdure avec ses fers de lance (Rohmer, Rivette, Garrel, Duras, etc).

Une façon de lire aussi l’histoire par le biais du cinéma, miroir de chaque époque. Une collection chaleureusement recommandée à tous les cinéphiles et amateurs du cinéma français.

Broché. Format : 17 x 24 cm. 500 p. 240 photos. 39,90€

Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com