William / Editions des Equateurs
En route pour une balade dans la vie d’un gosse très attachant. Gosse, car William Sheller a conservé toute sa vie la grâce de l’étonnement, de l’émerveillement, face aux autres, à la vie, à la musique. Son récit presque picaresque est un enchantement, à la fois pudique et plein de révélations incroyables. Tout le monde connaît ses succès : Dans un vieux rock'n roll, Le Carnet à spirales, J'me gênerais pas pour te dire que je t'aime encore, Oh ! je cours tout seul, Fier et fou de vous, Les Filles de l'aurore, Un homme heureux. Des disques d'or, de platine. Mais William Sheller est avant tout un musicien classique, un homme de l'orchestration, des arrangements. Son enfance est marquée par un secret, l'identité de son père, que sa mère lui révèlera avant de mourir, il allait avoir cinquante-trois ans. William Sheller est constitué d’un double enracinement : le Paris des années 50, des 4 CV et l'Amérique des Cadillac. En effet, sa mère, Paulette, tombe amoureuse d'un Américain, l’aventurier Jack qui travaille dans des boîtes de jazz, d’où un long séjour enfant dans l'Ohio à deux heures de route du Michigan où vit le père naturel de William, sans qu'il le sache. A Paris, adolescent, sa prédisposition pour la musique et le piano lui donne la force de pousser la porte d’Yves Margat qui devient son maître de l’harmonie. Yves Margat fut élève de Gabriel Fauré et a rédigé un Traité d’harmonie qui fait autorité. Puis vint l’influence de la musique pop anglaise. Les premières auditions, le succès planétaire de « My Year is a Day » dont il compose la musique, la rencontre avec Barbara pour qui il travaille, et chez qui il vit, et puis une femme, deux enfants. Une vie de père de famille et de vedette du showbiz, le succès, ses pièges et ses dérives. Une maison ouverte, ce dont certains abusent parfois, comme sa mère Paulette, un sacré numéro. Parmi les nombreux épisodes insolites : un 4 juillet jour d’indépendance de l’Amérique répondant au désir de sa mère, une fête de dingue singulièrement encadrée par les pompiers, de folles expéditions avec Nicoletta, Catherine Lara (dite Crin-Crin) et Patrick Juvet à Trouville, un reportage croquignolesque en Ecosse, une dégustation de dingue à Beaune avec Gainsbourg, amitié avec Joe Dassin, beaux échanges avec Françoise Hardy, etc. Rien de ce qui lui arrive n’est banal. Grand cœur, il a le don d’attirer les zinzins, les originaux, les frappés, ce qui donne au livre une truculence qui ravit. Zigzaguant entre Paris, la province, l'étranger. Les années 70 débridées (c’est un euphémisme), les nuits de folie, la cocaïne, l'ambiguïté sexuelle. C'est une vie qui va vite, constellée d'étoiles et d'astres déchus. Mais aussi de très beaux passages sur sa façon de travailler, de composer. Une œuvre admirée par toutes les générations, de Véronique Sanson à Jeanne Cherhal. Aujourd’hui William Sheller vit plus au calme après des épisodes de burn-out et d’alertes santé. Lecture chaleureusement conseillée. Avec un cahier de photographies de 32 pages. Collection « Documents ». Broché. 496 p. Format : 14 x 22 cm. 23€. Paule Martigny