Le camp des autres – Thomas Vinau / Alma éditeur
Thomas Vinau, né en 1978, à Toulouse, poète, nouvelliste et romancier vit dans le Luberon. C'est son quatrième roman après « Nos cheveux blanchiront avec nos yeux », « Ici ça va », et « La part des nuages ». Poète, son esprit influence le style de ses romans. Pour preuve le délice des desctiptions organiques, nous avions éprouvé un plaisir de cette nature avec « Les femmes du braconnier » de Claude Pujade-Renaud (Actes-Sud, 2010), et Peau-en-poil d'Alain Galan (Buchet-Chastel, 2016). Le petit Gaspard qui « a trempé sa langue dans la cruauté », fuit la violence du père. Il court dans la forêt avec son chien blessé, ce chien qui l'a défendu. Il se cache, il a froid, il a faim. Il marche, encore et encore. Il est épuisé, le chien va mal. Il s'évanouit exténué. Puis, se retrouve dans la cabane d'un homme reclus étrange, mi-contrebandier, mi-sorcier. C'est Jean-le-Blanc qui les soigne tous les deux. Nous sommes en 1907, au moment ou Clemenceau crée les Brigades du Tigre pour en finir avec « les terreurs des campagnes ». L'enfant rencontrera les personnages hauts en couleur de la Caravane à Pépère, sous la bannière de Capello constituée de déserteurs, de prisonniers évadés, de bohémiens, et de ceux qui en ont assez de se faire rouer de coups et de trimer comme des bêtes, de refuser de rentrer dans le rang, d'aller au casse-pipe et de courber l'échine. Des champions du vol à la tire. Une sacrée galerie de portraits. Le gosse partira avec eux sur les routes. L'épisode formateur de la vie de cet enfant présente plusieurs intérêts : historique, terriblement humain et un hymne à la forêt. L'enfant en déduira qu'il y a des gentils qui sont méchants et des méchants qui sont gentils. Et surtout : « Ne te laisse jamais enfermer petit, c'est le Non qui nous tient. » Absolument magnifique et poignant. La saveur d'une écriture simple et riche à la fois. Certainement le fruit d'une longue gestation. Broché. Format : 13,7 x 18,7 cm. 200 p. 17€. P.M.