Le Déjeuner des barricades – Pauline Dreyfus / Grasset
L'auteur, Pauline Dreyfus décrit la préparation du dîner organisé à l'Hôtel Meurice, dont le personnel est en grève, pour la remise du Prix Roger-Nimier dont le financement provient de la générosité d'un mécène milliardaire, Florence Gould. Il faut savoir que l'Hôtel Meurice fut le Quartier Général de l'armée d'occupation allemande, pendant la Seconde Guerre Mondiale, et que Florence Gould organisait déjà des dîners, auxquels se rendaient les personnalités les plus connues de la Capitale, sous le regard d'Otto Abetz. L'Hôtel Meurice et son célèbre restaurant, où, s'illustra l'incomparable chef triplement étoilé, Yannick Alléno, viennent de faire l'objet d'une complète réfection. Pauline Dreyfus, qui obtint le Prix Albert Cohen pour « Ce sont des choses qui arrivent », en 2014, dépeint parfaitement le climat régnant au Meurice pendant les événements qui ébranlèrent notre République. Elle met en scène le personnel de l'Hôtel, mais surtout, les icônes du monde des arts, membres du jury, ou pas : Paul Morand, Jacques Chardonne, Antoine Blondin, véritable ami de Nimier, Marcel Jouhandeau, Jean Denoël, Jacques de Lacretelle, etc. Apparaît un personnage qui vient de subir, en 2017, un outrage post-mortem, le peintre Salvador Dali. Il vivait à demeure à l'Hôtel Meurice, lorsqu'il ne résidait pas dans sa demeure de Cadaquès. On rencontre aussi, l'héritier américain J. Paul Getty. Il y a un invité de dernière minute, Aristide Aubuisson, un vieux notaire, malade et à la veille de sa mort. Le récipiendaire du Prix Roger-Nimier survient, il s'agit de Patrick Modiano, et de son roman « Place de l'Etoile » qui se déroule pendant l'Occupation. Les détails abondent à son sujet, surprenants pour un écrivain qui joua, si longtemps, les enfants irréprochables. La liste des membres du jury du Prix Roger-Nimier, écrivain de Droite, est une sorte de revanche face aux exclusions violentes et sectaires engagées par Louis Aragon, Elsa Triolet, et leurs amis crypto-communistes. Oui, tout est vrai dans ce roman biographique de Pauline Dreyfus qui n'oublie pas que le Meurice fut le siège de la Kommandantur et de son chef le général, von Choltitz qui refusa d'appliquer l'ordre d'Hitler de faire sauter Paris. A la fin de cet ouvrage, Pauline Dreyfus pose une bonne question : Est-ce qu'un fait divers peut faire un bon roman ? Oui, sans aucun doute, l'actualité de cette rentrée littéraire nous le démontre tous les jours. Mais, la meilleure recette est incontestablement, celle d Pauline Dreyfus, car, la politique et son passé regorgent du suspens et des rebondissements nécessaires à l'écriture d'un bon roman actuel. Broché. 231 p. Format : 20,5 x 13 cm.19€.