Exposition "Latérite, Terre du Bénin", à la Maison des Arts du Vinatier
Nous vous invitons instamment à découvrir cette exposition inspirante et hors du commun, où l'art devient un vecteur de guérison et de connexion entre les individus et leur environnement, du 8 au 13 avril 2024. La Maison des arts du Centre Hospitalier Le Vinatier se situe au sein même de l’hôpital, depuis plus de 15 ans. Elle regroupe l’atelier des artistes, avec pour médiatrice artistique, Alexia Parisi et une grande salle de musicothérapie, avec la musicothérapeute Audrey Gardenat.
Le vernissage jeudi 11 avril fut un moment de grande fraternité. Les œuvres produites pendant la semaine par trois artistes souffrant de handicap, un Lyonnais, Philippe Musumeci et deux Béninois, Benjamin Savoeda et Amidath Agbodedji, invités pour un échange artistique Lyon et Porto-Novo, étaient exposées. Il s'agit de la première résidence avec deux artistes béninois qui voyagent. Toutes les œuvres sont disponibles à la vente au profit des artistes.
Louis Oke-Agbo, plasticien photographe fondateur de l'ONG Vie et Solidarité a commencé son action à Porto-Novo avec quatre handicapés. A ce jour plusieurs dizaines profitent de "l'atelier". Pourquoi ce thème Latérite, Terre du Bénin ? Parce qu'à Porto-Novo, on éprouve le besoin de se reconnecter à la Terre. Un projet de végétalisation est mis en place pour anticiper le dérèglement climatique.
Les discours furent tous d'une grande humanité, passionnants, informatifs et d'un grand naturel. Démocratiser l'art-thérapie en constitua l'axe. Nous avons retenu au passage : "Si le handicap devient un talent il faut le valoriser" et "on ne peut pas aller qu'une seule fois au Bénin. Quand on y est allé, on y retourne". Et parfois on y reste, comme Carole Oudet qui est là-bas depuis 2023… Elle était en duplex depuis Porto-Novo pendant le vernissage. Une formidable idée qui rendit cette soirée encore plus intense et chaleureuse.
Je me permets de revenir sur cette pratique venue de la nuit des temps. Un raccourci pour information. Un petit historique de la thérapie par l'art.
De nombreux préhistoriens rapportent l’origine de l’art pariétal et rupestre à des cultes chamaniques qui exerceraient une fonction thérapeutique au paléolithique et au néolithique.
Dès l'Antiquité, l'art est utilisé pour soigner. Aristote avec la catharsis ou Platon avec la psychagogie. Aristote pensait que le théâtre permettrait aux hommes de retrouver un équilibre.
A la Renaissance, des écrits évoquent le pouvoir curatif de la peinture. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des pratiques médicales utilisent la médiation artistique. Des stimulations artistiques sont utilisées afin de réintroduire une harmonie dans l’esprit du malade. C’est au court du XIXe siècle que art et thérapie sont unis. Artistes et thérapeutes associent leurs savoir-faire.
La paternité de l'art-thérapie est souvent attribuée au peintre anglais Adrian Hill, qui en 1938 attribua sa guérison de la tuberculose au dessin et à la peinture et initia au sanatorium les autres patients à cette pratique. Mais dès 1930, Margaret Naumburg, psychothérapeute de métier, introduisit la notion d'art-thérapie en Angleterre et aux États-Unis.
Je me souviens de mes échanges avec le peintre Pierre Pelloux qui évoquait ses interventions au Vinatier dans les années 1960. Son émotion, son étonnement des résultats obtenus et son immense admiration pour la valeur artistique des peintures produites par les "patients".
L'art-thérapie traditionnelle, ou psychothérapie par l'art. Selon une définition abordable par tous, il s'agit d'une méthode de travail en psychothérapie utilisant l'ensemble des outils d'expression artistique dans le but de renouer le dialogue avec soi-même et avec autrui, de stimuler la créativité de chacun. La Fédération Française de l’Art-thérapie spécifie que l’art se met au service du soin pour renouer une communication, stimuler les facultés d’expression et dynamiser les processus créatifs de la personne.
L'exposition « Latérite, Terre du Bénin ». Relation entre l’homme et la nature
Cette initiative, fruit d'une collaboration entre l'ONG Vie et Solidarité (Vie et Solisarité France présidée par Eric Pommet), le Centre Ressource de Réhabilitation Psychosociale, la Métropole Lyonnaise et la Maison des Arts - Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole du Vinatier, offre une perspective unique sur la relation entre l'homme et la nature.
À travers le travail du photographe, Louis Oke-Agbo, fondateur de l'ONG Vie et Solidarité, cette exposition expose la dégradation de l'environnement par l'activité humaine. Les œuvres incitent à la réflexion sur nos interactions avec la nature et soulignent l'importance du respect de notre milieu.
Ce projet novateur s'est construit dans le cadre d'un échange artistique entre Porto-Novo et Lyon. Les trois artistes, un lyonnais et deux béninois ont collaboré pour créer des œuvres uniques, mettant en lumière la thérapie par les arts et promouvant le rétablissement psychosocial.
Allez vous imprégner de cette expérience artistique enrichissante, du 8 au 13 avril 2024, de 14h à 17h, à la Maison des Arts - Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole (bâtiment 357) du Vinatier. L’évènement est gratuit et ouvert à tous. Après le 13 avril, uniquement les jeudis après-midi jusqu'au 16 mai.
Paule Martigny / Mémoire des Arts – blog-des-arts.com