Au long des jours / Editions Léo Scheer
Ce texte n’est pas un récit biographique mais bien un roman. C’est une histoire d’amour tendre et pure d’une jeune femme, Nathalie Rheims, alors comédienne débutante au théâtre aux côtés de Maria Casarès. Des amis viennent la saluer dans sa loge, avec eux un homme souriant qui la complimente de sa voix douce. Elle le regarde, bouleversée, ne sait que répondre, tout à son émoi. Elle le reconnaît, elle l’admire. Elle avait découvert ses chansons qu’elle connaissait par cœur comme "Faut vivre". A une époque frémissant au son des yéyés et du rock, Nathalie était touchée par la chanson française. Au départ de ce 23e roman, Nathalie Rheims redécouvre, au fond d’une boite, un Polaroid pris par sa sœur Bettina en 1977. Sur cette photographie en noir et blanc, on la voit à l’âge de 18 ans, aux côtés d’un homme plus âgé, aux cheveux noirs et bouclés, qui affiche un large et irrésistible sourire. Cet homme alors quinquagénaire, c’est Marcel Mouloudji. L’artiste protéiforme était un esprit pur révolté par la situation de la chanson française devenue selon son constat "une affreuse histoire de gros sous". Les chansons de pures marchandises vendues selon les mêmes lois que des savonnettes. Mouloudji regrettait les destins violents de Rosalie Dubois, Catherine Paysan, Hélène Martin, Monique Morelli, Colette Magny, qui réussit à imposer quelques 33 tours dans une violente opposition au système. J’ai eu la chance de bien connaître Mouloudji sur lequel j’ai fait un film pour Mémoire des Arts. Nous étions réunis par une même passion pour l’écrivain auteur du Journal littéraire, Paul Léautaud. J’avais commencé à l’interviewer sur la place Saint-Sulpice où la fontaine se mit soudain à retentir de ses bouillonnements. Mouloudji est parti trop tôt. Il souhaitait que nous fassions ensemble d’autres films. Je me souviens du désordre de sa maison de Suresnes au milieu d’un capharnaüm de livres d’objets, de peintures et de disques. Nathalie Rheims observait chez Marcel Mouloudji que "si l’idée d’un dieu tout puissant n’était pas du tout pour lui plaire, celle d ‘un diable qui commandait l’ensemble de nos actes lui sautait aux yeux". Ce dernier roman est un pur bijou. Broché. Format : 12 x 18 cm. 171 p. 17€. Alain Vollerin