Les étrangers / Le Dilettante / Rentrée littéraire 2019
Nous voulons croire que oui. La fin du roman nous incline à penser que l'auteur a trouvé son centre, que la réconcilation est accomplie. Le Dilettante n'a édité qu'un seul roman pour cette rentrée littéraire, mais il en vaut dix. Il ne laisse indifférent. Didier Delome raconte sa mère, cette inconnue, dans ce deuxième livre, après l'atypique « Jours de dèche » (Le Dilettante, 2018). Etrange relation : « Jamais nous n'aurions dû nous croiser ma mère et moi. Loulou avait raison. J'aurais mieux fait de la fréquenter avant ma naissance. » A l'occasion d'un baptême familial, il observe les siens sans pitié, d'un œil amer. Il se remémore : « Ma mère était gouine et je ne souhaite pas à mon pire ennemi d'endurer mon adolescence auprès d'Elle. » Didier Delome reconstitue la vie de cette mère haïe, et celle de son enfance brinquebalée. Les confidences de son père entraperçu, et surtout celles de l'inénarable Loulou de Montmartre, l'aident à reconstituer le puzzle d'une vie peu commune. Sa mère, Françoise, possédait une beauté naturelle. Sans fard, accordant peu d'intérêt à son apparence et à l'argent, elle séduisait sans le vouloir des maîtresses jet-setteuses, animatrices des nuits gays. Parmi l'entrelacement des témoignages, avec sa gouailleuse caractéristique, Didier Delome nous transporte dans les folles nuits parisiennes des années cinquante, soixante et soixante-dix, et, le cheminement sauvage de l'enfant triste à l'adolescent révolté. Broché avec rabats. Format : 18 x 12 cm. 356 p. 18€. Paule Martigny